Le 25 avril 2019, la Mairie de Paris rendait hommage au militant anticolonialiste Henri Curiel assassiné à Paris, crime "couvert" par le "secret défense", jamais élucidé.
Intervention de Christine Vieu-Charrier, Maire-adjointe de la Ville de Paris
Intervention de Alain Gresh, son fils
La Plaque commémorative
Communiqué du MRAP du 23 avril 2019
Le 25 avril 2019, la maire de Paris va dévoiler une plaque en hommage à Henri Curiel, à proximité du lieu même où celui-ci fut assassiné, le 4 mai 1978 (cinquième arrondissement, extrémité de la rue Rollin, escalier communiquant avec la rue Monge).
Cette plaque sera libellée :
VICTIME DE SON ENGAGEMENT ANTICOLONIALISTE ET DE SES IDÉAUX DE PAIX
Il aura donc fallu plus de quarante ans pour que soit honorée la mémoire cet « Homme à part », selon le titre de l’ouvrage que lui a consacré Gilles Perrault dès 1984. Quarante ans durant lesquels n’a pas progressé la recherche de la vérité sur ce crime. Le dossier a été classé en juillet 1992, puis refermé à nouveau à deux reprises, en 2000 et 2008, après de brèves réouvertures. Une nouvelle instruction a été ouverte en janvier 2018, après qu’une plainte avec constitution de partie civile ait été déposée en 2015, par la famille d’Henri Curiel dont l’avocat, Maître William Bourdon, a déclaré : « Bien des indices nous poussent à croire qu’il s’agit d’un crime d’État ». Une première exigence portée par le MRAP est donc que se manifeste cette fois une vraie volonté de faire la clarté malgré les obstacles qui ne manqueront de lui être encore opposés.
Cet hommage public doit aussi être l’occasion de faire connaître la nature exceptionnelle de l’engagement d’Henri Curiel et d’en tirer les enseignements. Cet engagement, il est né du choc créé par l’effroyable misère du peuple égyptien dont ce jeune bourgeois, né en 1914, a eu connaissance dès son enfance, ce qui a motivé chez lui des options socialistes dont il ne s’est jamais départi. Cet engagement, il a été soutenu par les convictions antifascistes renforcées quand les armées allemandes menaçaient Le Caire, suscitant la complicité de fractions des classes dirigeantes égyptiennes. Cet engagement, il a mûri dans le combat contre le colonialisme anglais et ses séides. Cet engagement, il a pris la forme, en France vers où il a été expulsé, depuis l’Égypte, en 1950, d’un soutien actif à la cause algérienne, aux côtés notamment d’Henri Jeanson et de Robert Barrat, ce qui lui a valu un long emprisonnement à la fin de la guerre d’Algérie. Cet engagement, il s’est incarné ensuite dans la création, puis l’animation durant 15 ans, de Solidarité, que Gilles Perrault décrit comme « une centrale de prestations de services auprès de militants des mouvements de libération », dans cette période de fin du colonialisme mais aussi de poursuite de l’oppression de peuples avides de liberté. Henri Curiel y était entouré de militantes et de militants partageant avec lui les mêmes objectifs, le même courage et le même souci d’efficacité opérationnelle, alliage qui était l’originalité de Solidarité et en faisait tout le prix.
C’est cet engagement à la fois multiple et total qui a été insupportable aux commanditaires et aux exécutants de l’assassinat d’Henri Curiel. C’est cette fidélité sans faille à des objectifs de liberté et de justice, portés par la recherche de toujours plus d’amitié active entre les peuples, qu’il mit en pratique aussi à la fin de sa vie s’agissant des peuples israélien et palestinien, que le MRAP veut honorer en étant présent le 25 avril, à 10h30, à l’inauguration de cette plaque à sa mémoire.
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