Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Post-face de Mouloud AOUNIT

C’est une conclusion de le livre, des objectifs, réalisée par Mouloud Aounit qui était le Secrétaire Général du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples)

Article mis en ligne le 27 mai 2010
dernière modification le 26 juin 2010
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Une conclusion du MRAP

En tournant la dernière page de ce récit d’un combat contre la torture qui a conditionné la dignité retrouvée d’une vie, nous nous sentons envahis de sentiments forts étrangement mêlés.

Tout d’abord, le respect et l’admiration pour un homme simple, bon, d’une grande humanité. Il lui fallait faire preuve d’un très grand courage pour lever enfin quarante ans de silence pesant sur sa mémoire de témoin de l’innommable et ainsi parvenir à libérer sa conscience d’un tel poids.

Puis la colère qui nous pousse à répondre à l’ardent appel d’Henri Pouillot : agir et être acteur permanent pour que la France reconnaisse devant l’Histoire sa responsabilité et condamne officiellement cette pratique barbare, moyenâgeuse, destructrice d’humanité, que fut la torture en Algérie, commise au nom du peuple de France.

Homme de paix, ancré dans une culture d’opposition viscérale à la guerre, comme chaque lecteur peut le mesurer, à quelle détermination sans faille a dû s’accrocher Henri Pouillot pour aller débusquer non sans douleur, dans les moindres replis de sa conscience, les souvenirs d’un épisode tragique de sa vie, ces neuf mois passés dans l’enfer de la Villa Susini !

On ne remerciera jamais assez Henri Pouillot non seulement pour son courage d’écrire et de témoigner, mais aussi pour sa contribution utile et sans haine à l’analyse de ce que recèle la torture : l’expression d’un mépris aux racines lointaines qui généra l’humiliation coloniale.

Avec intelligence et précision, Henri Pouillot nous rappelle que torturer suppose haine et désir de détruire l’autre dans toute son humanité. C’est vouloir que l’autre n’existe pas. Henri Pouillot, par son témoignage nous fait aussi toucher du doigt et comprendre les mécanismes de conditionnement dans lesquels ont été pris ses camarades soldats "appelés" du contingent, transformés en monstres par une certaine autorité militaire.

Henri Pouillot est un semeur d’avenir actif et déterminé, conscient que plus on remonte loin dans l’anamnèse et la reconnaissance d’un passé non glorieux, plus on libère la capacité de construction du présent et l’avenir. Henri Pouillot, guetteur de l’Histoire, participe à cet égard à la résistance contre les bégaiements de cette même Histoire. Il nous invite à nous dresser contre le racisme. Il est tenace. Il nous invite à partager son combat toujours présent contre tout ce qui peut banaliser l’injustifiable qu’est la torture ici ou ailleurs. Ainsi est-il de ceux qui aujourd’hui se mobilisent contre la revue trimestrielle de l’Association de la Saint-Cyrienne (regroupant les officiers sortis de Saint-Cyr) qui a publié un dossier de onze pages intitulé : "Torture cas de conscience. Le dilemme de deux immoralités. L’éthique de responsabilité confronté au terrorisme". Dans l’action d’Henri Pouillot que le MRAP soutient, celui-ci dénonce la thèse qui revient à justifier la torture dans "certaines" circonstances.

Henri Pouillot est un juste, il ne cède pas à l’injustice, celle de notre pays, celle-là même qui a été exportée notamment en Argentine, ou celle de l’exception qui est proposée comme une doctrine. Il s’agit de tirer tous les enseignements de ce livre pour mesurer les enjeux et bien analyser où peut mener le racisme d’hier qui se prolonge aujourd’hui. Il nous dévoile, avec une pédagogie certaine, les prolongements de la « bête immonde », ce a quoi elle conduit, à savoir le mépris de l’autre, l’humiliation, la domination et jusqu’à la torture légitimée. Henri Pouillot nous confirme par son texte que ce ne sont pas des déclarations d’encouragement abstraites ou de principe, mais des combats au corps à corps avec une réalité criminelle, qui peuvent imposer l’obligation absolue de respect de la dignité inaliénable de la personne humaine. De même il nous confirme qu’on ne peut non plus confier aux seuls historiens la tâche de conscientisation de l’opinion publique, mais que cette responsabilité appartient aux citoyens, à tous les citoyens, dont il est avec fierté.

En conclusion, encore une fois merci à Henri Pouillot, merci et hommage à Louisette Ighilahriz gravement torturée à 10ème Division de Parachutistes, pour avoir, au prix d’un douloureux courage témoigné pour cette exigence de justice. Un hommage aussi à toutes les autres victimes de cette atrocité, de ce déni de dignité, de cette offense à leur intégrité physique et morale.

Louisette et Henri, vous avez vécu et souffert dans votre chair et au plus profond de votre être une page sombre de l’histoire de France. Merci d’avoir su la regarder en face, l’écrire et en exiger réparation devant la Justice et devant l’Histoire.

Mouloud Aounit, Secrétaire Général du MRAP

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