Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Kheira GARNE n’est plus !
Article mis en ligne le 12 août 2016

par Henri POUILLOT
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Pour moi, Kheira restera un symbole.

En décembre 2001, j’étais à Alger pour enregistrer mon témoignage qui allait être diffusé dans l’émission "Envoyé Spécial" sur France 2 le 7 février 2002 sur le thème des viols pendant la Guerre d’indépendance de l’Algérie. A cette occasion un tabou allait être levé sur l’importance les conséquences de ces crimes. Mon expérience d’appelé pendant cette période, ayant assisté à de tels actes, m’avait marqué à jamais parce que j’avais appris alors quelles conséquences cela pouvait avoir pour une femme, sa famille… Compte tenu de la culture musulmane, une femme violée n’était pas seulement victime, mais elle était aussi considérée comme coupable.

A cette occasion j’ai pu constater l’ampleur que cette monstruosité pouvait encore avoir comme conséquences catastrophiques, plus de 50 ans plus tard.
J’y avais rencontré, à la Villa Susini Louisette Ighilahriz

Lors d’une rencontre avec des moudjahidines à laquelle j’ai assisté, celle-ci fut la cible de vives critiques d’avoir parlé publiquement de ces viols dont elle fut la victime. Des proches, lui reprochent encore aujourd’hui cette expression.

Kheira, elle, avait refusé de parler devant les caméras, seulement répondu à quelques questions oralement derrière la porte de son antre dans le cimetière d’El Biar, là où elle "vivait" recluse, là où les morts ne l’insulteraient pas. Voir l’article de El Watan. Sa douleur, sa vie de recluse, étaient si douloureuses qu’elle ne pouvait pas témoigner à visage découvert.

Et plus tard, j’ai rencontré son fils Mohamed Garne, ce "Français par le crime". Lui aussi portera à vie les stigmates de cette terrible épreuve subie par sa maman et lui même. Il eu le courage formidable, admirable de se battre, y compris juridiquement, pour connaître la vérité sur ses origines,et faire admettre son statut de "victime de guerre", de cette sale Guerre.

Et quelques années plus tard, un autre Algérien fils, lui aussi d’un militaire français. Il n’apprendra sa filiation que 40 ans plus tard, pendant les années noires, parce qu’il fut victime d’un attentat du FIS sou le prétexte d’être "Un sale fils de Français". J’en ai fait un livre fiction, parce que j’ai perdu sa trace. Il n’a pas pu, comme Mohamed Garne, faire valoir ses droits de "victime de guerre", de cette sale guerre. Qu’est-il devenu, a-t-il pu surmonter cette terrible épreuve ? Je l’espère...

P.S. :

La France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans ce domaine des crimes d’états, crimes contre l’humanité commis en son nom pendant cette Guerre de Libération de l’Algérie.
Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour cela ?

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