Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Préface de Georges DOUSSIN

La préface de ce livre a été réalisé par Georges Doussin, Président à l’époque, de l’ARAC

Article mis en ligne le 27 mai 2010
dernière modification le 13 novembre 2010
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Par Georges DOUSSIN , Président National de l’ARAC

Le 19 mars 1962 mettait fin officiellement à la Guerre d’Algérie. Mais plus de quarante ans plus tard, cette guerre pèse toujours lourdement sur la vie politique française. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. D’abord parce que beaucoup de citoyens et d’hommes politiques n’ont pas accepté la fin de l’ère coloniale. Pour eux, le 19 mars n’est qu’une défaite militaire et surtout pas une victoire de la paix et de l’indépendance des peuples. Mais, aussi, parce que les différents gouvernements successifs depuis 1962 n’ont pas eu le courage de prendre toutes les mesures nécessaires pour voir la "France officielle" et ceux qui ont vécu l’époque dramatique des guerres coloniales régler leur compte avec un passé pour le moins peu glorieux pour la Nation des Droits de l’Homme et la devise qu’elle revendique : "Liberté, Egalité, Fraternité". C’est dans ce contexte que la question de la torture suscite tant de réactions violentes, passionnellement négationnistes, tant de lâches minimisations. En effet, comment admettre l’importance de l’existence de la torture en Algérie et continuer à faire la lecture publique de l’ordre du jour du Général Ailleret affirmant le 19 mars 1962 "l’Armée peut être fière des succès remportés par ses armes, de la vaillance et du sens du devoir déployé par ses soldats, réguliers et supplétifs, de son œuvre d’aide aux populations si durement éprouvées par les évènements".

L’ARAC dans tous ses écrits pendant et après la guerre d’Algérie (cf. "l’ARAC et la guerre d’Algérie", "l’Algérie, nous y étions", "Combattants pacifistes dans la guerre d’Algérie") a toujours eu le souci de ne pas s’exprimer seulement sur la torture en Algérie. En effet, nous avons à rendre compte de toutes les mémoires, de tous les actes "lumineux" éclairant la conscience des hommes pendant cette guerre. Mais taire les tortures pendant la guerre d’Algérie, est aussi "négationniste" que nier les camps de concentration et les fours crématoires pendant la deuxième guerre mondiale. Quel avenir pour la citoyenneté républicaine des jeunes générations et pour les relations de paix et de solidarité que nous voulons avec tous les peuples du monde y compris avec le peuple Algérien si nous voulons taire ou minimiser les crimes de toutes les guerres, y compris ceux des guerres coloniales ?

C’est cette conviction qui nous anime en étant totalement solidaires du combat courageux de Henri Pouillot, non pas parce qu’il est membre du Conseil National de l’ARAC, mais parce que, victime de ce qu’il a vécu et qui empoisonnera sa mémoire jusqu’à la fin de sa vie, il passe outre pour lutter héroïquement contre l’aveuglement, la mauvaise foi ou la lâcheté de ceux qui nient l’évidence des crimes commis. Ce livre n’est pas une œuvre littéraire, il est un cri, il est une plainte. Il a la force d’une longue confession, exprimée avec les larmes et les douleurs de l’impuissance vécue au quotidien et revécues sans relâche, le jour et la nuit, depuis ces évènements, par le témoin et l’acteur malgré lui qu’il n’aurait jamais voulu être.

Le Livre d’Henri Pouillot est un long monologue personnel et déchirant. Et, en même temps, Henri Pouillot en fait un "dossier de justice" qui répond point par point à tout ce qui lui a été objecté depuis qu’il s’est engagé dans un combat qui aurait pu paraître inégal en face de chefs militaires puissants et de leurs défenseurs rompus aux rhétoriques de Palais et aux arguties juridiques. J’engage les lecteurs à ne pas être rebutés par les longs développements qui font réponse aux attaques qu’Henri Pouillot a subi tout au long des procès et des émissions et débats contradictoires. Les arguments d’Henri Pouillot trouvent leur force non seulement dans l’authenticité des faits qu’il relate, dans le vécu quotidien à la Villa Susini, mais aussi dans l’authenticité des souffrances, qu’il exprime et des questions qu’il se pose sur sa propre responsabilité. Anciens d’Algérie, nous n’avons pas tous, heureusement, connu les conditions de la sinistre Villa Susini, mais nous nous retrouvons tous dans l’une ou l’autre des pages de ce livre parce que, d’une façon ou d’une autre, nous avons tous été mêles au déroulement de ces chapitres, laids souvent, dramatiques toujours, de l’histoire de la France et de l’Algérie.Ce livre peut aider à une lucidité plus aiguë de nous tous su la nécessité de régler tous nos comptes avec ces temps dramatiques de notre Histoire. Puisse-t-il aussi inciter au courage ceux qui auront besoin de ce courage pour entrer plus résolument dans la construction de relations d’égalité, de solidarité et de fraternité avec l’Algérie et son peuple.

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