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L’Ennemi Intime de Patrick Rotman

C’est un film documentaire réalisé par Patrick Rotman qui fut diffusé sur France 3, en 3 épisodes de près de 2 heures chacuns. La diffusion était programmée pour le 40ème anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie.

Un débat fut initié à la fin du 3ème épisode. C’est à cette occasion que le Général Schmitt me mis en cause.

Article mis en ligne le 27 mai 2010
dernière modification le 13 novembre 2010
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Ce film reportage a été réalisé par Patrick Rotman


Il a été initialement diffusé sur France 3 , en 3 épisodes, a l’occasion du 40ème anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie les 4, 5 et 6 Mars 2002. Il a été rediffusé par le suite à plusieurs reprises.

J’en suis l’un des témoins qui s’y expriment. Lors de sa premières projection, il fut suivi d’un débat où le Général Schmitt m’a mis en cause : je suis allé au procès en diffamation, et je l’ai fait condamner.

40 ans plus tôt, le 19 mars 1962, les accords d’Evian mettaient fin à la guerre d’Algérie. De 1954 à 1962, la France a fait, sans jamais le dire vraiment, la guerre en Algérie. Comme l’Algérie était la France, la France ne pouvait pas être en guerre contre elle-même. Deux millions de soldats, appelés et officiers, n’ont fait officiellement que des opérations de maintien de l’ordre sur le territoire national. L’adversaire était intérieur, l’ennemi intime...

Les combattants de la guerre d’Algérie parlent enfin, après quarante ans de silence. Il y a ceux qui ont vu, ceux qui ont participé aux tortures... La guerre est finie ? Pas la guerre d’Algérie, sur le front littéraire en tout cas. 40 ans après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 et 40 ans après l’indépendance au mois de juillet suivant, des hommes traumatisés n’en peuvent plus de se taire. A l’occasion de ce double anniversaire paraissent en rafales des témoignages sur le comportement de soldats français face aux atrocités commises par ceux que l’on appelait les fellagas. Ils vont au-delà des aveux du général Aussaresses sur les tortures et les méthodes expéditives utilisées entre janvier et septembre 1957 lors de la « bataille d’Alger », cette gigantesque opération de nettoyage qui a mis fin à la campagne terroriste du FLN et ramené un semblant de calme dans la capitale algérienne. Ces « révélations », après tant d’autres depuis des dizaines d’années, avaient achevé de dessiller les yeux des plus sceptiques.

L’ennemi intime de Patrick Rotman retrace les neuf années de cette guerre sans nom en croisant de multiples témoignages d’officiers, de soldats du contingent, de harkis, de pieds-noirs, de policiers. Un seul de ces témoins, un sous-lieutenant, a souhaité rester anonyme parce qu’il n’avait pas encore osé révéler à sa fille ce qu’il avait vu et ce qu’il avait fait en Algérie. Tous parlent de la barbarie du camp d’en face, de leurs camarades émasculés, dépecés, des massacres de musulmans pro-français, de ces femmes enceintes éventrées et de ces visages aux lèvres et aux nez coupés. Et, à la fin, des dizaines de milliers de harkis considérés comme des collabos et massacrés par le FLN. Alors ces hommes se libèrent, ils racontent ce qu’ils ont fait, ce que peut faire une armée à laquelle les politiques ont confié des tâches de basse police : expéditions punitives, villages passés au lance-flammes, prisonniers torturés et achevés, suspects jetés des hélicoptères dans le vide, viols, otages exécutés... Et tout cela bien avant et bien après la "bataille d’Alger" et un peu partout sur les trois départements français d’Algérie.

L’essentiel de cet ouvrage est encore ailleurs : si tous ces témoins sortent de leur long silence, c’est pour essayer de comprendre comment ils ont pu, sans y être prédisposés, se transformer en tortionnaires, en exécutants dociles d’ordres criminels. C’est un examen de conscience, pas forcément un acte de contrition. La leçon est claire : chacun porte en soi son ennemi intime qui, dans un certain contexte, lui fait accepter l’inacceptable, déplace les barrières morales, lui fait oublier ses vieux repères confortables. On sort de ce voyage au fond de l’âme humaine écœuré par une indigestion d’horreurs.

Un geste humain ici ou là, un peu de compassion, une démission courageuse montrent toutefois qu’il y avait en Algérie une petite marge de manœuvre chez ceux qui avaient reçu des ordres ou qui les donnaient. Et puis, bien sûr, il y avait tous ceux qui n’ont pas eu à se salir les mains, qui ont servi dans l’armée sans vraiment se douter de ce qui se passait dans d’autres unités.

P.S. :

Il a servi de fil conducteur pour le film de fiction réalisé aussi par Patrick Rotman qui s’appelle aussi "L’Ennemi intime" et fut diffusé dans le circuit commercial.

Un livre de ce même nom, écrit par Patrick Rotman aux éditions du Seuil, reprend par écrit les témoignages diffusés dans ce documentaire

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