Lettre ouverte à François Hollande, Président de la République
Monsieur le Président,
Le 31 décembre 2016, dans votre adresse aux Français, vous déclariez : "Et nous devons tout faire pour préserver cette liberté stratégique parce que la France a un rang et un message à défendre. Elle n’accepte pas les violations des droits humains les plus élémentaires -l’utilisation des armes chimiques, les massacres de populations civiles comme à Alep, les persécutions des minorités religieuses, la soumission de la femme."
En particulier pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, la France a une terrible responsabilité qu’elle n’a toujours pas reconnue, ni donc condamnée :
Ce sont des crimes d’état : du 8 Mai 1945 à Sétif / Guelma / Khératta les massacres qui ont fait plus de 40.000 victimes, du 17 octobre 1961 au Pont Saint Michel à Paris où plusieurs centaines d’Algériens ont été massacrés, noyés dans la Seine, assassinés par la police, du 8 février 1962 au Métro Charonne à Paris où 9 militants pacifiques ont été assassinés par le Police
Ce sont des crimes de le Guerre : avec l’utilisation des gaz VX et Sarin (voir les témoignages publiés sur mon site : le premier et le second ), avec l’utilisation du napalm (600 à 800 villages ont été rasés : des Oradour sur Glane algériens !!!)
Ce sont des crimes contre l’humanité : le colonialisme, l’institutionnalisation de la torture, les viols, les exécutions sommaires (corvées de bois, "crevettes Bigeard"…), les essais nucléaires du Sahara, les camps d’internements (pudiquement appelés camps de regroupements qui ont fait des centaines de milliers de morts)….
Alors Monsieur le Président, avant de donner des leçons de droits de l’homme comme vous venez de le faire, la parole de la France dans ce domaine aurait un autre poids si vous aviez fait les gestes symboliques nécessaires de reconnaissance et de condamnation de ces crimes commis au nom de notre pays. Dans quelques mois, ce sera le 60ème anniversaire de la Bataille d’Alger où l’Armée Française a généralisé les exactions, ne serait-il pas plus que temps que la France, par votre intervention intervienne dans ce sens ?
Monsieur le Président, cela fait près d’une dizaine de fois que j’interviens auprès de vous sur ces questions, TOUS mes courriers sont restés sans réponse (sans doute comme celui-ci ?) : cela démontre votre volonté de manipulation de la réalité historique, de la mémoire… Une démarche enfin positive dans ce domaine ferait que des français, encore discriminés aujourd’hui pour leurs origines, puissent se sentir réellement des citoyens à part entière, pas des sous-citoyens de seconde zone, et que notre pays ait une parole réellement crédible au plan international. De telles mesures seraient autrement plus efficaces que les patrouilles sensées dissuader des actes d’attentats commis par des barbares déguisés en pseudos religieux : elles tariraient l’une des sources de motivation de certains jeunes en déshérence.
J’avais portant voté pour vous en 2012, espérant, tout particulièrement sur ces aspects, que "Le changement, c’est maintenant" !!! Hélas, trois fois hélas !!!
Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes respectueuses salutations.
Henri POUILLOT
Témoin de la Guerre de Libération de l’Algérie, de la torture
Militant antiraciste, anticolonialiste, de la mémoire
PS : Dans ce même discours, après la démonstration que vous avez fait de votre volonté de casser les acquis sociaux, en particulier avec la "loi Travail", votre phrase : "Parallèlement, je l’ai voulu ainsi, le progrès social n’a pas arrêté sa course ; de nouveaux droits ont été ouverts pour les salariés,…" a un goût d’humour noir.
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