Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Ma lettre à Hervé Morin du 8 Avril 2008

Lettre au Ministre de la Défense - Objet : Respect des valeurs républicaines

Article mis en ligne le 22 juin 2010
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Monsieur le Ministre

Objet : Respect des valeurs républicaines

Ancien témoin de la guerre d’Algérie, très sensibilisé sur ces questions, sur les conséquences qui en découlent encore aujourd’hui, je voudrais crier ma colère face à un laxisme d’Etat mettant en cause les valeurs républicaines.

La profanation du cimetière de Notre Dame de Lorette qui vient de se produire durant le week-end soulève évidemment l’indignation, mais ne faut-il pas s’interroger pourquoi elle peut se reproduire un an après la précédente ?

Plusieurs facteurs ont vraisemblablement pesé pour la conception et la mise en œuvre d’un tel projet. Les plus hautes autorités de l’État, le Gouvernement, y compris votre ministère portent de lourdes responsabilités à cet égard :
- le racisme cultivé envers les immigrés, et tout particulièrement envers les enfants dont leurs ascendants sont originaires des colonies, victimes de discriminations liées à leurs origines "ethniques". Le racisme entretenu envers la population influencée par l’islam, religion fréquemment assimilée à la source du terrorisme, qui ne peut que favoriser des réactions visant une communauté supposée être devenue dangereuse.
- La loi du 23 février 2005, qui prévoyait de prétendre comme "positif" le colonialisme, reste, dans son ensemble, imprégnée de ce concept, comme en témoignent : La date commémorative (5 décembre) de la fin de la guerre d’Algérie, disposition totalement négationniste, niant la réalité historique.La fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie, L’indemnisation des anciens activistes de l’OAS (sur avis d’une commission composée, en partie, d’anciens responsables de cette organisation terroriste et raciste)...

Sans doute le plus grave, la connivence orchestrée avec les nostalgiques de l’Algérie Française et anciens criminels de l’OAS, telle qu’elle se développe avec l’appui de nombreux élus et du gouvernement. Le site internet que j’ai développé comporte à ce sujet un certain nombre d’informations régulièrement complétées et mises à jour (cf., sous le chapitre "L’OAS aujourd’hui". En le consultant, vous y trouverez les éléments relatant, au cours des multiples manifestations qui se sont déroulées (tolérées sinon encouragées), la démonstration du caractère nostalgique pour les unes, apologétiques pour les autres des crimes et attentats commis par l’OAS : Le 25 novembre 2007, votre secrétaire d’Etat, représentant le gouvernement, inaugurait un mur de la Honte baptisé " Mur des Disparus" à Perpignan.Quelques mois plus tôt, en juillet dernier, à Versailles c’était l’hommage à Degueldre ce responsable des "Réseaux Delta", véritables commandos de la mort, frappant aveuglément civils, militaires, fonctionnaires,… simplement parce qu’ils étaient réputés "cautionner" une politique qui ne répondait pas à leurs objectifs de "l’Algérie Française", c’est-à-dire une Algérie colonisée. Le 26 mars 2008, il y a moins de quinze jours, la cérémonie de ravivage de la Flamme du souvenir sur la Tombe du Soldat Inconnu, dans les conditions où elle s’est déroulée, est significative. Le Président de l’association qui a obtenu l’autorisation préalable du Comité de la Flamme n’est autre que Claude Rochette, ancien déserteur qui fut l’un des responsables du maquis de l’Ouarsenis, cette organisation militaire de l’OAS dont l’objectif était de rééditer un nouveau putsch après l’échec de celui d’avril 1961. Armand Belvisi, bras armé du commando dirigé par Bastien-Thiry (ce commando qui organisa deux attentats contre le Général de Gaulle, alors Président de la République), paradait dans le groupe de ces nostalgiques qui iront ensuite fouler au pied l’appel du 18 juin 1940 gravé sur la dalle où se trouve la tombe du Soldat Inconnu. L’ADIMAD-OAS (dont le président Jean-François Collin -sous le nom de code Valentin- est l’un des membres du commando qui tenta par deux fois d’assassiner sur son lit de l’Hôpital du Val de Grâce le résistant Yves Le Tac) a donc incliné son drapeau tâché de sang en ce lieu symbolique. Cet ancien sous-lieutenant du groupement des parachutistes avait participé à la prise du Palais d’Eté au soir du 21 avril 1961 (le début de ce putsch qui tenta de renverser la République), avant d’intégrer, lui aussi, le Maquis de l’Ouarsenis. La démonstration a bien été faite, malheureusement, que cette manifestation était réalisée par ces anciens activistes de l’OAS.

Les stèles érigées dans l’espace public (cimetières, places…) à la "gloire" de ces assassins, anciens membres de l’OAS, sont là pour mettre en évidence cette complicité que je dénonce entre les pouvoirs publics et ces ennemis d’hier et d’aujourd’hui de la République.

Malheureusement, cette liste n’est pas exhaustive,…

Quand l’État, au plus haut niveau, tolère des initiatives qui bafouent les valeurs de la République, quand les symboles de la mémoire due à ceux qui ont perdu la vie pour la défense de l’honneur de la Patrie sont ainsi piétinés par les adversaires des principes fondateurs de notre société, comment s’étonner que certains ne s’arrogent pas le droit d’accomplir, à leur tour, des actes aussi odieux.

Quand le Gouvernement laisse des associations comme l’ADIMAD-OAS (association revendiquant avec fierté 756 anciens condamnés pour activités séditieuses parmi ses adhérents) faire l’apologie des criminels, condamnés à mort et exécutés pour leurs crimes commis à raison de leurs forfaits,…
Quand le Gouvernement permet qu’à des célébrations officielles, avec cérémonial et protocole d’honneur de la République, à l’Arc de Triomphe et où l’Armée interprète "Le chant des Africains", ce chant devenu l’hymne de l’OAS dans sa clandestinité…

Quand le candidat à la Présidence de la République, élu ensuite, propose de satisfaire la scandaleuse revendication de ces nostalgiques de l’OAS : attribuer la qualité de "Mort pour la France" aux victimes des manifestations interdites du 26 mars 1962 à la Rue d’Isly d’Alger et du 5 juillet 1962 à Oran,…

Quand on apprend que des militaires français peuvent en toute impunité faire le salut nazi, en arborant un drapeau marqué de la croix gammée, et que la seule sanction est celle du sergent qui dénonce ces faits (à qui l’on refuse le renouvellement de son contrat),…

Quand on apprend par la presse (y compris étrangère –belge et suédoise-,…) que des militaires commettent des actes de torture en Côte d’Ivoire ou au Congo…

Quand les plus hautes autorités de l’État ne condamnent pas les militaires français qui demandent un cadre juridique à la torture, en France, aujourd’hui…

Alors, certes, ces actes de profanation ont condamnables, et doivent être sévèrement punis, mais les responsables politiques, Ministres en tête, doivent se livrer à un examen de conscience et regarder si leur responsabilité n’est pas gravement engagée du fait de cette complaisance à l’égard de pratiques attentatoires aux principes et valeurs de la République, et leur participation ou caution à des manifestations publiques contraires à cette éthique républicaine.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre mes sincères salutations, empreintes de beaucoup de tristesse.

Copie a été adressée à M. Jean-Marie BOCKEL Secrétaire d’État à la défense et aux Anciens Combattants

P.S. :

Réponse

Votre réponse figurera sur mon site dès que je l’aurai reçue, mais je l’attends encore.

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