Rappelons-nous cette interview d’Emmanuel MACRON en février 2017 qu’il donna à Echourouk News, alors candidat à la présidentielle : « La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », puis « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie » avant d’enchaîner : « En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé, et je ne regrette pas cela parce qu’il y a une jolie formule qui vaut pour l’Algérie : la France a installé les droits de l’homme en Algérie, simplement elle a oublié de les lire. »
Les médias n’avaient généralement retenu qu’une partie « choc » de cette interview, mais il y avait déjà cette ambiguïté ce « en même temps » qui lui est si cher.
Avec ce 60ème anniversaire de la fin de la Guerre de Libération de l’Algérie on assiste de la part du Président Macron à la multiplication de gestes envers cette mouvance de l’OAS, de la colonisation : une démarche électoraliste pour tenter de « récupérer » un électorat nostalgique de cette Algérie Française.
Le rapport de Benjamin Stora, remis à l’Elysée en janvier 2021, démontrait que cette commande, qui certes évoquait de façon intéressante en particulier le colonialisme et préconisait certes quelques gestes positifs, gommait le rôle fascisant, raciste, d’extrême droite de l’OAS, comme l’ampleur de l’utilisation du napalm, des gaz VX et Sarin, comme aussi les camps d’internement pudiquement alors camps de regroupement. Et il n’est pas préconisé, de façon claire la reconnaissance et la condamnation des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre, des crims d’état commis au nom de la France dans cette période
Le 26 mars 2021, il fait déposer une gerbe, pour commémorer la fusillade du 26 mars 1961 à la rue d’Isly à Alger, au pied du Mémorial du Quai Branly honorant ainsi l’OAS qui a une terrible responsabilité dans cette tragédie. Sa ministre des anciens combattants, Me Geneviève Darrieussecq était également présente et elle a déposé une gerbe, s’est entretenue avec les nostalgiques de l’OAS, organisateurs de cette initiative.
En recevant à l’Elysée, le jeudi 30 septembre 2021 18 jeunes - des descendants d’acteurs de la Guerre de Libération de l’Algérie (dont l’arrière-petit fils du Général Salan, ce Général qui tenta un putsch pour tenter de renverser la République, l’un des responsables des Cercles Algérianistes) mais en oubliant les victimes de l’OAS on voit bien le sens de la démarche.
Le 26 janvier 2022, en recevant à l’Elysée une délégation des organisations de rapatriés, majoritairement pro-Algérie Française. Dans son discours relatif à la manifestation du 26 mars 1962 il falsifia la réalité historique en « oubliant » le rôle du commando de l’OAS qui a provoqué les militaires du 4ème RTA. En consultant les archives de Vincennes j’ai pu relever le positionnement et l’armement des membres de ce commando. Ses conseillers n’ont pas trouvé cette information ? Pourtant, dans ce discours il était dit : « Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement. » Dans ce même discours, au sujet de la tragédie du 5 juillet 1962 à Oran, on ne sait pas qui est responsable du massacre, il semble sous-entendu que ce soit l’Algérie, mais la responsabilité de l’OAS entre mars 1962 et juillet 1962, et tout particulièrement de ce 5 juillet est totalement occultée.
Le 26 mars 2022, le Président de la République et sa ministre Geneviève Darrieussecq ont fait déposer une gerbe, mais ils n’étaient pas présents, à la surprise des organisateurs, ces nostalgiques, qui les attendaient, et n’ont pas été informés à ce moment là de la raison de cette absence pourtant annoncée.
Le 30 avril 2022, c’et la remise de la décoration de Commandeur de la Légion d’Honneur à l’ex-capitaine de la Légion étrangère Joseph ESTOUP. Celui-ci avait participé activement au putsch du 21 avril 1961 qui tentait de renverser la République pour mettre en place une dictature militaire. Il avait alors été condamné à de la prison avec sursis et déchu de ses décorations. Quelle insulte aux valeurs de la République !!!
Le 4 juillet 2022, c’est la désignation de Mme Patricia Mirallès comme ministre des anciens combattants et de la Mémoire, fille de rapatriés, qui ne cache pas ses liens, et les revendique, avec les nostalgiques de l’Algérie Française.
Le 5 juillet 2022, Le Président de la République a fait déposer une gerbe au pied du Mémorial du Quai Branly. Sa nouvelle Ministre était présente, elle y a déposé elle-même aussi une gerbe. Sur sa page facebook elle publie des photos la montrant en train de discuter, avec le sourire, avec ces nostalgiques de l’OAS.
Or lorsqu’on se souvient des actions de l’OAS entre 1961 et 1962, en particulier, le combat des nostalgiques depuis cette période, on ne peut que s’inquiéter. Ce sont plusieurs milliers de victimes civiles et militaires tuées lors d’attentats en Algérie et en Métropole. N’oublions pas les gestes forts, symboliques qu’elle a organisés :
Le putsch militaire du 21 avril 1961pour mettre en place un gouvernement militaire. Il a été mis en échec pour une bonne part grâce à la résistance des appelés.
Les assassinats des maires d’Alençon et d’Evian
Les 2 attentats contre le Président de la République d’alors le Général De Gaulle.
N’oublions pas le passé de Jean-Marie Le PEN, ce député poujadiste qui démissionna de son mandat pour se rengager dans l’armée et selon son propos d’alors « pour casser du bougnoule ». Il fut responsable du centre de torture de la Villa Susini pendant la Bataille d’Alger, et se dit fier de ses exploits en Algérie alors. Il fondât le Front National avec de nombreux ex-responsables de l’OAS à la fin de cette Guerre de Libération de l’Algérie, l’ADN de ce mouvement : on le voit avec le discours à l’Assemblée Nationale de José Gonzalès.
Cette banalisation, cette réhabilitation de fait, de cette organisation fascisante, raciste, anti-républicaine, élaborée au plus haut niveau de l’Etat est plus que préoccupante, inquiétante. C’est une caution à l’extrême droite.