Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Monsieur le Président : un traité d’amitié avec l’Algérie est nécessaire, pas des insultes.
Article mis en ligne le 5 octobre 2021
dernière modification le 6 janvier 2022

par Henri POUILLOT
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En recevant le jeudi 30 septembre 2021 18 jeunes - des descendants d’acteurs de la Guerre de Libération de l’Algérie (dont l’arrière petit fils du Général Salan, ce Général qui tenta un putsch pour tenter de renverser la République) – Monsieur le Président de la République vous continuez de vouloir instrumentaliser la question de la mémoire sur cette période.

Comment se fait-il que des descendants de victimes de l’OAS ont été « oubliés » (???) quand des descendants de principaux responsables de cette association criminelle, eux, ont été conviés ???

Après la question des Harkis voici les « héritiers » des « acteurs » de cette Guerre qui sont instrumentalisés.

Monsieur le Président, comment pouvez-vous oser dire : «  Nos générations n’ont pas vécu cette guerre, ça nous libère de beaucoup de choses ». C’est scandaleux. Parce que près de 60 ans se sont écoulés depuis la fin, le cessez-le-feu, la France, que vous êtes censé représenter, peut s’exonérer de reconnaître ses responsabilités et de condamner les crimes d’état, crimes contre l’humanité, crimes de guerre... commis en son nom dans cette période ? Quel mépris pour le peuple algérien !!! Parce que vous êtes né après cette période, vous osez donc sous-entendre : « passons à autre chose ? ».

A l’occasion de cette réception/diner vous auriez déclaré, qu’en Algérie, il s’agit d’une "histoire officielle" ... "totalement réécrite qui ne s’appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui, repose sur une haine de la France". Avant de conclure : "La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France." Oui, le problème, pour une part importante, c’est la France. C’est la France qui a colonisé l’Algérie en y multipliant les crimes. C’est la France qui, pendant la Guerre de Libération de l’Algérie a commis d’innombrables crimes : crimes d’état (17 octobre 1961, 8 février 1962...), crimes de guerre (utilisation du napalm -entre 600 et 800 villages rasés-, utilisation du gaz VX et Sarin, essais nucléaires...), crimes contre l’Humanité (camps d’internement pudiquement appelés de regroupement -plusieurs centaines de milliers de morts-, torture, viols, corvées de bois, crevettes Bigeard...). Et tant que la France n’aura pas reconnu sa responsabilité, ne les aura pas condamnés (pas une simple demande de pardon), comment notre pays peut s’exonérer d’un tel passé ?

Répondant à Nour, une jeune femme ayant grandi à Alger qui vous explique que la jeunesse algérienne n’a pas de "haine" envers la France, vous expliquez : "Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur". Quelle ingérence, quel mépris pour le peuple algérien.

Ces types de propos sont profondément insultants pour le peuple Algérien. Cette démarche est très inspirée du colonialisme : elle voudrait continuer de dicter à l’Algérie sa façon dont elle devrait analyser ses rapports entre le peuple et ses gouvernants, et avec la France.

En 2018, vous vous étiez engagé devant Josette Audin à permettre plus largement l’accès aux archives sur cette période, contrairement à cette promesse, c’est un recul notoire qui est appliqué...

Non, Monsieur le Président, il ne suffit pas de reconnaitre un jour le crime commis à l’encontre de Maurice Audin, puis de celui d’Ali Boumendjel, puis de demander « pardon » aux harkis (lesquels ?), peut-être de réagir dans quelques jours à l’occasion du 60ème anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Ce sont, certes des pas positifs, mais combien insuffisants. Au lieu d’insultes, de mépris, il est urgent, indispensable, de reconnaître le plus rapidement possible, tous ces crimes, et de les condamner, tous, très clairement. C’est à ce prix, et lui seul, qu’un véritable traité d’amitié entre l’Algérie et la France permettra aux familles algériennes et françaises que tant de liens rapprochent qu’un réel apaisement pourra s’opérer. L’occasion de ce 60ème anniversaire de la fin de cette guerre devrait imposer, enfin, un tel geste.

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