Henri POUILLOT
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Portrait de Maurice Audin par Mustapha Boutadjine

En 1996, Mustapha Boutadjine réalisa ce portrait de Maurice Audin, avec sa technique toute particulière

Article mis en ligne le 9 février 2019
dernière modification le 6 juin 2019

par Henri POUILLOT
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En 2015, Mustapha me demanda un commentaire pour accompagner ce portrait dans le livre qu’il allait éditer "Collage Résistant(s)" (Editions Helvétius) où il allait regrouper des dizaines de portraits de Résistant(e)s dont beaucoup d’Algérien(ne)s

Voici le texte

A un ami que je n’ai pas connu.

Le 11 juin 1957, l’Armée Française venait à ton domicile, et, devant tes enfants, ta femme Josette, elle t’embarquait. Tu étais devenu prisonnier et tu n’en reviendras pas.

Que te reprochait-on ? Tu étais communiste, et soutenais le mouvement indépendantiste algérien. Tu étais supposé héberger des communistes "ces traitres à la France" qui avaient adhéré à la cause algérienne !!!

Le 1er juillet, 3 semaines plus tard, l’Armée Française venait annoncer à Josette, que tu t’étais évadé le 21 juin !!! Quelle ignoble farce !!!

Jusqu’au 17 juin 2014, cela restera la version officielle. Pourtant Pierre Vidal Naquet, conclura à ta mort sous la torture, dès mai 1958. Dans les archives du Colonel Godart découvertes en 2001 un militaire est désigné comme ton assassin, Le Général Aussaresses, juste avant sa mort en 2013, ne contestera pas cette version.

Enfin, le 18 juin 2014, le Président François Hollande annonce que, en fonction des documents et témoignages concordants qui ont été collectés, tu ne te serais pas évadé mais serais mort en détention. Ouf !!! Comment ? Dans quelles circonstances ? Qu’est devenu ton corps ? Pas de réponses !!! Pourtant le Président Hollande s’était engagé, dès son élection à cette fonction, fermement, dans sa réponse à Josette qu’il lui ferait transmettre toutes les informations concernant son mari. Alors, pourquoi ces "documents et témoignages concordants" qui permettent au Président d’affirmer que la thèse, jusque là "officielle", était erronée ? Alors pourquoi ne sont-ils pas rendus publics ? Qui (peut-être au pluriel) doit donc être protégé ? Et qu’a fait l’armée de ton corps ?

Faudra-t-il attendre que Josette, ses enfants, disparaissent, pour que la vérité, toute la vérité soit enfin connue ?

Quand la pratique de la torture, cette institution de la Guerre d’Algérie, sera-telle enfin reconnue condamnée ?

Près de 60 ans après, ce silence est indécent, inacceptable, indigne des valeurs de la République Française.

Oui, Maurice, mon ami que je n’ai pas connu, ton martyr ne doit pas rester un mystère, nous continuerons ce combat pour te rendre l’hommage que tu mérites.

P.S. :

En 2019, Josette est partie, certes, elle aura obtenue une sacrée victoire, : le Président de la République est venu chez elle pour reconnaitre et condamner cette institution de la torture pratiquée de façon quasi généralisée par l’Armée pendant cette Guerre de Libération de l’Algérie. Il confrma que Maurice était mort assassiné par les militaires qui l’avaient arrêté.

Mais Josette ne saura pas comment son mari a été assassiné, par qui, et ce qu’est devenu son corps !!!

Ce combat n’est pas terminé, nous allons le poursuivre.

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