Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Quelle Honte, Monsieur le Président
Article mis en ligne le 18 avril 2018
dernière modification le 5 juin 2019

par Henri POUILLOT
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Lettre ouverte envoyée au Président de la République le 17 avril 2018

Objet : Quelle honte ces « frappes » en Syrie

Monsieur le Président

Témoin de la Guerre de Libération de l’Algérie, comme appelé (de juin 1961 à mars 1962), affecté à la Villa Susini, j’ai eu l’occasion de constater de très nombreuses exactions commises dans cette période par l’Armée Française (en particulier la torture), des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre commis au nom de la France. Depuis j’ai eu l’occasion de recueillir d’autres témoignages, de constater concrètement d’autres types de crimes.

Bien évidemment, je ne peux soutenir ou « excuser » l’utilisation d’armes chimiques, comme cela semble s’être produit en Syrie il y a quelques jours.

Mais je suis scandalisé par votre décision d’avoir décidé de ces frappes pour 2 raisons :
-  Que la France (par votre décision) décide sans mandat de l’ONU une telle action, c’est « légitimer », demain, qu’un autre pays, en concertation ou non avec un autre état décide et s’arroge ainsi, lui aussi, d’en « punir » l’auteur, parce qu’il estime qu’un forfait a été commis.
-  Mais peut-être plus grave encore, c’est que la France se permet de donner des leçons de droits de l’homme dans ce domaine. En effet, vous semblez « oublier » que, pendant la Guerre de Libération de l’Algérie, le gaz (Vx et Sarin) a été utilisé (références des témoignages concrets publiés sur mon site personnel : http://henri-pouillot.fr/spip.php?article375 ). L’Armée a aussi utilisé le napalm : entre 600 et 800 villages détruits. En novembre 2004, j’ai eu l’occasion de visiter les ruines du village de Zaatcha, près de Constantine, du moins ce qu’il en reste : c’était un village de 800 habitants (hommes, femmes, enfants… ) qui ont été brulés vivants. Il est possible de voir sur mon site : http://henri-pouillot.fr/spip.php?article381 les images que j’en ai ramenées. C’est terrifiant, et le musée souvenir, ainsi constitué, en montre l’horreur. Ce sont donc 600 à 800 Oradour sur Glane dont la France porte la responsabilité.

La France a donc commis des crimes de Guerre, qu’elle n’a toujours pas reconnus, ni condamnés.

Quel étonnement quand on entend votre ministre Jean-Yves Le DRIAN s’exprimant le 16 avril 2018 à la tribune du Sénat pour expliquer la justification de votre décision en déclarant : « La France est à la pointe du combat contre les armes chimiques depuis la bataille d’Ypres de 1915 ». Comment doit-on interpréter une telle affirmation, une telle falsification de l’histoire ? Un odieux mensonge ? Pire : Une imposture ?

Quelle crédibilité la France peut-elle avoir après cette intervention en Syrie ? Donner de telles leçons de droits de l’homme quand elle conserve une telle responsabilité ? C’est insensé.

Pourtant, le 5 mai 2017, devant la rédaction de Médiapart, vous aviez déclaré : « De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire… ». Cela va faire presqu’un an, mais le silence, dans ce domaine, reste assourdissant.

Au second tour de la présidentielle, j’avais voté pour vous, aujourd’hui, je me sens totalement trahi. J’ai honte, en tant que Français, que le Président de mon pays, dans de telles conditions, puisse prendre une telle décision.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations indignées.

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