Un article du journal "Le Parisien" du 16 juin 2016 est intéressant.
"On en sortira... ", lâche un ami du président. Qui complète aussitôt, lugubre, "... les pieds devant". Dans les coulisses du pouvoir, la fuite en avant dans la fermeté, décidée par François Hollande et Manuel Valls après les violences dans le cortège parisien mardi, donne des sueurs froides. Au point que certains n’hésitent pas à parler, en off, de "crise d’autorité".
En cause : la décision des deux têtes de l’exécutif d’interdire les manifestations contre la loi Travail au cas par cas. Et la posture inflexible du Premier ministre, qui ferme la porte à toute évolution du projet de loi El Khomri et répète qu’il ira "jusqu’au bout". "Qui va payer à la fin ? C’est Hollande ! Valls veut finir de le tuer", enrage une figure du PS, très éloignée des frondeurs. Revoilà donc l’hôte de Matignon suspecté d’être le mauvais génie et d’entraîner son camp, le président avec, au bord du précipice...
"Valls nous emmène dans le mur. Et Hollande laisse faire, parce qu’il pense que la primaire à droite sera un désastre et qu’il sera le plus petit dénominateur commun à la fin", soupire un conseiller du pouvoir, dépité. "Valls veut une victoire par KO sur Martinez, mais il fracture notre base politique qui ne veut ni des casseurs, ni de la loi Travail !", fulmine une source gouvernementale. "Ça ne sert à rien d’offrir des scalps et de montrer qu’on est le plus fort", résume un dirigeant socialiste de premier plan, qui a quasiment fait son deuil de la victoire en 2017 et juge même le président... "cramé".
En brandissant de possibles interdictions de manifester, Hollande et Valls pouvaient paradoxalement offrir une sortie de crise à la CGT, dont la base veut en découdre. Mais la surenchère verbale du Premier ministre a piqué au vif les syndicats, le leader de FO Jean-Claude Mailly l’accusant d’être un « pyromane ». Un terme volontiers repris, sous couvert d’anonymat, dans la majorité.
Myriam El Khomri, la ministre du Travail, se retrouve piégée, elle qui envoyait des signes d’ouverture et d’apaisement avant le retour du texte à l’Assemblée en juillet. Vendredi, elle a rendez-vous avec Philippe Martinez. Or, le Premier ministre a été clair : pas question de bouger sur le contenu du texte. "Il veut son 49-3", peste un cadre du PS.
A gauche, d’aucuns brandissent ce sondage Ifop-Fiducial où Hollande (-6 points à 21%), Valls (-7 à 36%) et Macron (-12 à 43%) chutent lourdement après trois mois de tensions sociales. "Je ne suis même plus sûr que François soit en condition de se représenter", souffle un vieux compagnon de route du chef de l’État. Un autre se prend à cauchemarder, à dix mois de la présidentielle : "On va vers la défaite en klaxonnant... "
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