Appel de 12 grands témoins de la Guerre d’Algérie diffusé le 30 octobre 2000
Condamnation des tortures dans la guerre d’Algérie
Des deux côtés de la Méditerranée, la mémoire française et la mémoire algérienne resteront hantées par les horreurs qui ont marqué la guerre d’Algérie tant que la vérité n’aura pas été dite et reconnue.
Ce travail de mémoire appartient à chacun des peuples et aux communautés, de quelqu’origine que ce soit, qui ont cruellement souffert de cette tragédie dont les autorités françaises portent la responsabilité essentielle en raison de leur obstination à refuser aux algériens leur émancipation. Aujourd’hui, il est possible de promouvoir une démarche de vérité qui ne laisse rien dans l’ombre. En France, le nouveau témoignage d’une Algérienne, publié dans la presse, qui met en accusation la torture, ne peut rester sans suite ni sanction. Le silence officiel serait ajouter au crime de l’époque une faute d’aujourd’hui.
En Algérie, se dessine la mise en cause de pratiques condamnables, datant de la guerre et surtout ayant survécu, commises au nom de situations où "tout serait permis". Il reste que la torture, mal absolu, pratiquée de façon systématique par une "armée de la République" et couverte en haut lieu à Paris, a été le fruit empoisonné de la colonisation et de la guerre, l’expression de la volonté du dominateur de réduire par tous les moyens la résistance du dominé.
Avec cette mise à jour il ne s’agit pas seulement de vérité historique, mais de l’avenir des générations issues des diverses communautés qui vivent avec ce poids, cette culpabilité et ce non dit.Pour nous citoyens auquels importe le destin partagé des deux peuples et le sens universel de la justice, pour nous qui avons combattus la torture sans être aveugles aux autres pratiques, il revient à la France, eu égards à ses responsabilités, de condamner la torture qui a été entreprise en son nom durant la Guerre d’Algérie. Il en va du devoir de mémoire auquel la France se dit si justement attachée et qui ne devrait connaître aucune discrimination d’époque et de lieu. Dans cet esprit, et dans cet esprit seulement, tourné vers un rapprochement des personnes et des communautés et non vers l’exacerbation de leurs antagonismes, nous demandons à Monsieur Jacques Chirac, Président de la République et à Monsieur Lionnel Jospin, Premier Ministre, de condamner ces pratiques par une déclaration publique. Et nous invitons les témoins, les citoyens à s’exprimer sur cette question qui met en jeu leur humanité.
Paris le 30 octobre 2000
Les "Douze" s’adressent à nouveau à Jacques Chirac et Lionel Jospin.
Dans notre appel du 31 octobre 2000, nous demandions que toute la vérité soit dite sur la torture, ce mal absolu, pratiquée par une armée de la république, pendant la guerre d’Algérie.
De très nombreux témoignages, venus de tous les horizons, en particulier d’anciens soldats, mais aussi celui d’un général revendiquant la torture elle-même, les exécutions sommaires et leur ampleur, l’émotion soulevée, et le débat qui n’a plus cessé, font que la réponse à cette demande est désormais attendue par le pays.
attendue par le pays.Notre requête, à ce stade porte sur des points précis :
1- Il est urgent que la condamnation de la responsabilité des gouvernants d’alors intervienne sous la forme d’une déclaration officielle des plus hautes autorités de l’Etat.
2- La vérité sur les fautes doit être établie avec rigueur. Les pouvoirs publics ont en charge d’en susciter les moyens, notamment grâce au concours des historiens, avec l’ouverture des archives, mais aussi des témoins, des victimes, des élus.
3- L’enseignement de la guerre d’Algérie appelle une mise à jour en particulier concernant la colonisation. Il doit répondre à l’intérêt qui se manifeste aujourd’hui dans la jeunesse.
4- Nous persistons à penser que l’essentiel est dans ce travail de vérité, dans la prise de conscience du crime qu’est la torture, et qu’en condamnant sa propre responsabilité dans les actes incriminés, la France donnerait l’exemple. Cela ne pourrait que favoriser, par ailleurs, l’accès à la connaissance du côté Algérien et la réconciliation des deux peuples. Mais si le but ne peut en aucun cas être la vengeance, ni même la généralisation des procès, il appartient aux victimes de décider du recours à la justice.
5- Nous souhaitons enfin qu’une délégation des Douze puisse être reçue le plus rapidement possible par le Président de la République ainsi que par le Premier Ministre afin de procéder à un échange de vues sur ces propositions.
Henri ALLEG, ancien directeur d’Alger Républicain, auteur de "La Question" - Josette AUDIN, épouse de Maurice AUDIN assassiné par ses tortionnaires - Simone de BOLLARDIERE, veuve du Général Pâris de BOLLARDIERE, opposé à la torture et condamné à 2 mois de forteresse - Nicole DREYFUS, avocate de Baya HOCINE et Djohor AKROU - Noël FAVRELIERE, rappelé, déserteur - Gisèle HALIMI, avocate de Djamila Boupacha - Alban LIECHTI, appelé, insoumis, condamné à 4 ans de prison - Madeleine REBEIRRIOUX, historienne, secrétaire du Comité AUDIN - Laurent SCHWARTZ, mathématicien, président du Comité AUDIN - Germaine TILLON, ethnographe, résistante, auteure de "L’Afrique bascule vers l’avenir" - Jean-Pierre VENANT, historien, résistant - Pierre VIDAL-NAQUET, historien auteur de "La torture dans la République".
En juin 2017
Henri ALLEG, Nicole DREYFUS, Madeleine REBEIRIOUX, Laurent SCHWARTZ, Germaine TILLON, Jean-Pierre VENANT, Pierre VIDAL-NAQUET, sont déjà décédés, allons-nous attendre que tous ces grands témoins disparaissent, pour enfin, entendre leur appel ?
Merci pour l’Appel Mais je remarque qu’il ya aucun nom de HARKI ce qui prouve qu’en majorité ce sont bien des traîtres à la Nation et non des égarés.De ce fait ils seront à jamais honnis par les Algériens ,leurs descendants et les peuples qui ont subit la COLONISATION.
Je crois qu’il faut être beaucoup plus nuancé su sujet des harkis Le livre de Pierre Daum, comme les publications de Fatima Benasci-Lancous montrent comment ils sont des victimes du colonialisme. La très grande majorité ne se sont pas enrôlés dans l’armée française par idéal colonialiste
0 | 5