Sur les questions de droits de l’homme, entre les propos officiels du Président de la République, les positions officielles de la diplomatie française, et à la réalité des faits, on assiste à une véritable imposture.
Depuis la mise en place d’une équipe présidentielle et gouvernementale devant applique le slogan : "Le changement, c’est maintenant" on constate une contradiction totale entre les propos et la réalité sur ce point aussi.
Encore lors de son voyage en Russie, François Hollande s’est gaussé de la défense des droits de l’homme, sur le site officiel du Ministère des Affaires Étrangères, c’est un véritable plaidoyer selon lequel la France partout dans le monde. On peut y lire : "Les droits de l’Homme : une priorité de la politique étrangère de la France. La France veut être exemplaire, non pas pour faire la leçon mais parce que c’est son histoire, c’est son message. Exemplaire pour porter les libertés fondamentales, c’est son combat, c’est aussi son honneur... Au-delà de ces thématiques, la diplomatie française s’attache à combattre par son action, dans les enceintes multilatérales et dans le cadre de ses relations bilatérales, les violations des droits de l’Homme partout où elles sont commises."
Qui pourrait contester ces prises de positions ?
Pourtant, dans les faits, quel écart entre ces propos et la réalité !!!
En voici les principaux points :
Pendant la campagne électorale présidentielle on pu entendre et lire "La Françafrique, c’est fini !!!" Mais on constate qu’en quelques mois ce sont 5 dictateurs africains qui ont déjà été reçus avec tous les honneurs, tapis rouge... à l’Élysée : Ali Bongo le premier, puis Blaise Compaoré, Idriss Déby, Alassane Ouattara et enfin Paul Biya que des démocrates respectueux des droits de l’homme !!!. Un rythme rarement égalé par les prédécesseurs.
L’intervention au Mali, sur le fond, est dans cette logique, malgré l’argumentation développée.
Le Mali est le 3ème producteur d’or au monde, il possède d’importantes réserves d’uranium, de pétrole, de gaz... une richesse destinée en priorité aux multinationales, pas au peuple malien, quelques miettes pour la corruption pour pouvoir continuer...
Depuis les indépendances, cette politique de Françafrique lancée par De Gaulle avec les équipes de Focard, de Bob Dénard... maintenue avec Christophe Mitterrand perdure sans faille. Les droits de l’homme ?
A l’occasion du 50ème anniversaire de le fin de la Guerre d’Algérie, et à l’occasion du voyage de François Hollande à Alger, on aurait pu penser que les relations allaient changer, que des bases nouvelles allaient démarrer. Avec le geste du Candidat Hollande pour le 17 octobre 2011, à l’occasion du 50ème anniversaire de ce massacre, on pouvait estimer probable que, une fois élu il allait concrétiser sa position. En effet le 15 octobre 2011, il signait une pétition réclamant la condamnation de ce crime d’état par les plus hautes autorités de l’État. Il est vrai que sa concurrente, Martine Aubry, avait signé la même pétitions quelques instants plus tôt, et que c’était la veille du second tour des primaires socialistes !!!! Il alla même jusqu’à joindre un geste symbolique : jet d’une rose dans la Seine le 17 octobre 2011. Une fois élu le Président de la République a oublié qu’il s’agissait d’un crime. Le geste symbolique : un communiqué de 3 phrases transmis à l’AFP, quelques minutes avant la cérémonie, méprisant les responsables des associations venues chercher l’avis du Chef de l’Etat, qui n’ont pas été reçus, mais attendaient sur le trottoir devant l’Élysée.
A l’occasion du 50ème anniversaire de la fête de l’indépendance de l’Algérie, un geste fort était attendu. Ce fut un silence assourdissant. Pourtant, quelques semaines après la mise en place du nouveau gouvernement, Laurent Fabius, Ministre des Affaires Étrangères,se rendait à Alger, officiellement pour préparer la visite du Président de la République de décembre 2012. En fait, c’est la presse algérienne qui nous informât (la presse française resta très discrète) : Il fut essentiellement question de la recherche d’un accord avec l’Algérie pour une intervention au Mali !!! Quatre autres ministres sont allés en Algérie préparer le voyage des 19 et 20 décembre 2012. A partir de là, on s’attendait alors à des gestes importants, symboliques.
Certes, à cette occasion, des propos tenus par François Hollande ont été légèrement différents de ceux qu’aurait sans doute tenu Nicolas Sarkozy dans les mêmes conditions. Le terme crime a été "oublié" d’être prononcé. La France n’a donc toujours pas reconnu que les crimes commis pendant la colonisation (comme enfumades, tortures, répressions, exécutions...), et les crimes d’état (17 octobre 1961, 8 février 1962) ou crimes contre l’humanité (viols, tortures, villages rasés au napalm, crevettes Bigeard, corvées de bois, camps d’internements pudiquement appelés camps de regroupement, exécutions sommaires...) ni ne les a pas condamnés. Pourtant ces graves atteintes de droits de l’homme commis dans cette période au nom de la France sont une tache qui devrait lui interdire de se déclarer "Pays des droits de l’Homme".
Un procès inique vient de condamner, dimanche 17 février 2013, 24 militants sahraouis, arrêtés arrêtés en novembre 2010 lorsque les forces de l’ordre marocaines sont intervenues pour démanteler avec violence le campement de 8000 tentes installé par 20 000 Sahraouis à Gdim Izik à 12 kilomètres de Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, pour protester contre leurs conditions de vie désastreuses et défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux. Rappelons les faits : ces 24 militants sahraouis, arrêtés, torturés et incarcérés depuis 27 mois dans l’illégalité ont été jugés par un tribunal militaire "qui est contraire aux normes d’équité reconnues au plan international" a reconnu Amnesty international. Ils ont été condamnés à de lourdes peines de prison : 9 à perpétuité, 4 à 30 ans, 7 à 25 ans, 3 à 20 ans et 2 à 2 ans. Un jugement qui ne peut faire l’objet d’un appel puisque ce recours n’existe pas au Tribunal militaire du Maroc où comparaissent des civils.
Le soutien élyséen à ces dictatures
Le ministre des affaires étrangères, dans une interview au journal "Le Monde" du 30 mai 2012, avait déclaré que "le gouvernement croit à des principes comme le respect des droits de l’Homme, la démocratie..."
Alors pourquoi ce silence ? Pire, lorsque nous avons été reçus le 27 février dernier, la sous-directrice de l’Afrique du Nord du Ministère des Affaires Étrangères nous a déclaré que les autorités françaises considéraient que le Maroc avait fait des progrès dans le domaine des droits de l’homme, en particulier avec la création du CNDH (organisme dépendant du Roi). Les Marocains emprisonnés pour délit d’opinions, par exemple apprécieront !!! Le Ministère des Affaires étrangères est heureux des bonnes relations avec le Maroc.
Au sujet de ce procès cette fonctionnaire, de haut rang, notre délégation a posé 2 questions :
La France compte-t-elle demander la libération des 24 sahraouis qui viennent d’être condamnés dans ces conditions ?
La France compte-t-elle condamner ce procès ?
Les réponses sont sidérantes, pas de la part de cette fonctionnaire, mais de la diplomatie Française :
Le procès s’est déroulé normalement, en fonction du droit marocain. Le hic, cette juridiction est contraire au droit international, les observateurs présents à Rabat pour ce procès sont unanimes à confirmer que ce procès était "préfabriqué", que les "preuves" d’accusations s’écroulaient au fur et à mesure de leur exposé.
Le silence du ministère des Affaires Étrangères au sujet de ce procès ? Aucun média n’a posé de question sur ce sujet, et, de plus, aucune question officielle n’a été posée !!!
La fonctionnaire a déclaré n’avoir pas de réponse si à la libération des condamnés, ni sur le procès !!!
Un tel silence délibéré n’est autre qu’une caution, une complicité, aux atteintes graves aux droits de l’homme commis par le régime marocain.
Plusieurs observateurs ont évoqué (informations reprises discrètement par certains médias) des exactions graves commises par l’armée malienne : tortures, exécutions sommaires,... Pourtant, l’Armée française est omniprésente, mais elle aurait laissé faire, sans réagir...
Il est vrai que le Président de la République Française avait évoqué que les djihadistes qui seraient capturés seraient "simplement" éliminés. Les conventions de Genève imposent pourtant que tout prisonnier de guerre ne peut être exécuté, sans jugement.
Là aussi, c’est le silence absolu des plus hautes autorités françaises. La France se rendrait-elle coupable de telles complicités ?
La France qui n’a toujours pas reconnu sa responsabilité et condamné les crimes d’État, les crimes contre l’Humanité pendant les périodes coloniales et tout particulièrement pendant les guerres de libération (Algérie, Vietnam, Cameroun...) commis en son nom, ne semble décidément pas prête à s’engager dans la voie lui permettant de reconquérir une légitimité dans les pays pouvant revendiquer une exemplarité quant au respect des Droits de l’Homme.
Il ne suffit pas de paroles, d’écrits, quand les actes ne sont pas en conformité, pour que la France puisse s’auto-décerner un brevet de respect des droits de l’homme et donner des leçons à tout va, quand on a pas assumé ses responsabilités passées, et que l’actualité confirme une poursuite d’atteintes graves
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