APPEL DE PERPIGNAN du 7 Novembre 2007
Alors que le discours sur les bienfaits de la colonisation semble être revenu à la mode, tout ce que la France compte de nostalgiques de l’Algérie française et d’apologistes du colonialisme lève la tête. Divers projets s’inscrivent plus ou moins dans cette perspective, tel le Mémorial national de la France d’outre-mer annoncé à Marseille, le Musée de l’histoire de la France en Algérie à Montpellier, et à Perpignan un Centre de la Présence Française en Algérie.
Le projet le plus avancé, celui de Perpignan, devrait ouvrir ses portes en 2008, dans un espace public où sera également érigé un "Mur des disparus, morts sans sépulture en Algérie (1954-1963)". L’inauguration de ce mur a
été annoncée pour le 25 Novembre prochain, à l’occasion du Congrès national des Cercles algérianistes.
La réalisation de ce "mur-musée" suscite particulièrement notre inquiétude :
il instrumentalise les mémoires et les souffrances réelles et légitimes de certaines victimes européennes disparues lors de l’indépendance de l’Algérie, et il en occulte d’autres ;
il développe le discours du "rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord" que l’article 4 de la loi du 23 février 2005, retiré depuis, prétendait officialiser ;
il contrevient gravement au rôle assigné à des projets publics qui est de transmettre aux citoyens les principaux acquis de la connaissance historique, sans porter de jugements de valeur, sans taire les souffrances, sans oublier aucune des victimes.
il a été confié par le sénateur-maire UMP de Perpignan Jean-Paul Alduy au Cercle algérianiste, organisation de nostalgiques de l’Algérie coloniale qui est loin de représenter tous les rapatriés d’Algérie et dont les responsables
ont participé en 2003, avec le maire-adjoint Jean-Marc Pujol chargé de ce dossier, à l’inauguration d’une stèle à la mémoire "des héros de l’OAS".
il prétend ignorer les travaux des historiens réunis sous l’égide de l’Université de Perpignan dans leur rapport.
"Montrer l’Algérie au public. Pour en finir avec les guerres de mémoires algériennes" publié sur le site de cette université.
Tous les ingrédients idéologiques sont présents pour enflammer une nouvelle guerre des mémoires, pour diviser et attiser la haine et le communautarisme.
Les signataires de cet appel y sont résolument opposés. Tout comme ils sont inquiets de l’annonce par le Premier Ministre de la création en 2008 d’une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie en application de l’article 3 de cette même loi du 23 février 2005, article que ses deux prédécesseurs avaient, compte tenu des réactions que cette loi avaient provoquées, eu la sagesse de ne pas mettre en œuvre.
Nous soussigné/es,
soutiendrons les musées, centres de documentations ou mémoriaux où s’écrirait l’Histoire : celle des colons, des immigrants et des militaires, mais aussi celle des colonisés, ce qui implique de travailler aussi avec des historiens algériens ;
soutiendrons toutes les réalisations qui, sans privilégier ni ignorer aucune mémoire, chercheraient à poser un regard apaisé sur ce passé et s’inscriraient dans une démarche de réconciliation pour l’avenir.
Le Collectif "Non au musée de la Mairie de Perpignan à la gloire de la colonisation" :
AFMD-DT66, AFPS 66, ANACR 66, ANCAC 66, ARAC 66, ASTI 66, ATTAC 66, CFDT Interco 66, Coup de Soleil des P-O, CGT UD 66, France El Djazaïr, FSU
66, LCR 66, LDH 66, Mouvement de la Paix 66, MRAP 66, PCF 66, SURVIE 66, UNSA 66, Verts 66, Femmes Solidaires 66.
Les organisations nationales : Anciens Appelés en Algérie contre la guerre, Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, Au nom de la mémoire, Association des combattants de la cause Anti-coloniale (ACCA), Association Harkis et Droits de l’Homme, Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), Association républicaine des anciens combattants (ARAC), ATTAC-France, Collectif du Volvestre (31), Comité Vérité Justice pour Charonne, Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (CADAC), Coordination nationale pour les droits des femmes (CNDF), Coup de soleil, Diversi-T37,
Fédération IFAFE, France-Algérie, FSU, Jeunes radicaux de gauche (JRG), Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Mouvement de la paix, Mouvement des jeunes socialistes (MJS), MJCF, Parti communiste français (PCF), Réseau international Frantz Fanon, SURVIE, UNEF, UNSA, UNSA Education, Union Peuples et cultures.