Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Le Hollandisme et la laïcité.
Article mis en ligne le 12 août 2016
dernière modification le 3 octobre 2016

par Henri POUILLOT
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Depuis quelques années, avec une accélération depuis quelques mois on assiste à une remise en cause, de fait, d’un des principes fondamentaux de notre République : la laïcité.

Que ce soit le Conseil français du culte musulman, fondé en 2003 par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, sur une idée de son prédécesseur… Jean-Pierre Chevènement, ou la Fondation des œuvres de l’islam de France – voulue par le premier ministre Dominique de Villepin en 2005 - et que le président Hollande veut réveiller aujourd’hui – ces organismes sont vécus comme des corps étrangers par la plupart des musulmans français. Et cela est tout à fait logique. Les principes définis en 1905 de la séparation de l’état et des religions devraient rester les fondements républicains régissant les rapports entres les questions religieuses et le domaine public.

Avec Dominique de Villepin, puis Nicolas Sarkozy et maintenant le hollandisme on peut constater une dérive inquiétante, évocatrice de l’ère coloniale :
-  En octobre 1997 au Congrès de Villepinte. Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement font de "la sécurité" une priorité. Le député RPR Patrick Devedjian se félicite d’une "grande victoire idéologique de la droite".
-  En 2003 Nicolas Sarkozy constitue e "Conseil français du culte musulman"
-  Aujourd’hui, Manuel Valls veut un "islam de France", "reconstruire l’islam de France" et François Hollande veut relancer, initiative de Jean-Pierre Chevènement une "Fondation des œuvres de l’islam de France (FOIF)".
-  Lors de l’assassinat odieux du père Hamel, François Hollande déclare que la République est profanée. Cette expression n’a pas été lancée au hasard, elle a été murement réfléchie : ce parallèle entre la République et une religion est très lourde de sens.

Que le pouvoir actuel pressente Jean-Pierre Chevènement pour diriger cette "fondation" n’est pas innocente. Un rappel non exhaustif sur son passé est intéressant lui qui est peut-être le principal entrepreneur de morale raciste républicaine du demi-siècle passé. Celui qui débuta dans un groupuscule d’énarques élitistes et pro-Algérie française (Patrie et Progrès) avant d’incarner, entre 1997 et 2002, la fameuse "réconciliation de la gauche avec la sécurité". Celui qui popularisa le terme de "sauvageons" et organisa la mise en spectacle apocalyptique et ininterrompue de "l’insécurité" sur la scène politique pendant presque cinq ans de ministère de l’Intérieur (et de ce fait prépara le triomphe de Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002). Celui qui à l’époque fédéra pour sa campagne présidentielle des gens comme : Paul Marie Couteaux et Florian Philipot (passés depuis chez Marine Le Pen), Max Gallo (passé chez Sarkozy) sans oublier Natacha Polony, un certain Michel Houellebecq et un certain Eric Zemmour. Oui tous ces gens ont soutenu publiquement sa candidature. Tout comme un certain Alain Soral, qui a eu ces mots : "Chevènement pour mon parcours personnel est une sorte de sas. Je n’aurais jamais pu me rapprocher du FN directement".

Et ce politicien est aussi celui qui a inauguré, le 29 mai 2009, à Belfort une "Rue du Colonel Jeanpierre", honorant en même temps la Légion étrangère pendant la Guerre de Libération de l’Algérie. Cette Légion Etrangère et son Chef qui ont tant fait pour "casser du bougnoule", massacrer des dizaines de milliers de FSNA (Français de Souche Nord Africaine) ou FMA (Français musulmans d’Algérie). Pourtant il écrivait : dans son livre "Le courage de décider", publié en janvier 2002, 23 : "Mon poste dans le Bled, à un endroit dénommé Aïn Cheurfa, entre Saint-Denis du Sig et Sidi Bel-Abbès, était un petit poste militaire totalement isolé. On y avait mis quatre soldats européens et quatre soldats "musulmans". Le lendemain du cessez le feu, revenu à Saint-Denis du Sig, je découvris au petit matin les cadavres de plusieurs de mes moghaznis sauvagement assassinés. Le temps d’évacuer les survivants et les familles dans un indescriptible désordre, la Légion, venue de Sidi Bel Abbes, entreprit de "rétablir l’ordre". Le carnage, au total, fit cent trente morts et des centaines de blessés."

Non, Jean-Pierre Chevènement n’est certainement pas l’homme le mieux placé pour être l’interlocuteur des responsables musulmans en France et il est inconcevable qu’un Gouvernement de la France donne des leçons aux responsables d’une religion (l’Islam en l’occurrence) et interviennent dans un tel domaine : c’est aux musulmans et à eux seuls de décider du fonctionnement, de l’organisation de leur religion.

PS : Deux jours après avoir publié cet article ici, Manuel Valls et Jean-Pierre Chevènement se déclarent favorables aux arrêtés d’interdiction du burkini !!!
C’est la confirmation de la volonté de la libération de l’islamophobie, quelle honte !!

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