Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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Après ces attentats de juillet : ces "mesures sécuritaires", dérisoires, qui sèment l’illusion !!!
Article mis en ligne le 1er août 2016
dernière modification le 12 août 2016

par Henri POUILLOT
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Avant de réagir, j’ai souhaité attendre quelques jours de recul, que la folie de réactions, souvent irresponsables, se calme un peu. Le 27 décembre 2015 j’étais déjà intervenu en interpellant François Hollande (voir mon site) pour dire l’irresponsabilité des "leçons" tirées des attentats de novembre 2015.

Aujourd’hui analysons quelques unes de ces réactions, loin d’être exhaustives, de quelques responsables politiques, dont évidemment l’expression a été "mesurée" pour choquer, être retenue.

Henri Gaino : "Il suffit de mettre à l’entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquette et puis il arrêtera le camion de 15 tonnes, voilà c’est tout !". Sauf que, même avec un lance roquette à chaque bout de rue, le commando de "terroristes" fanatisés voulant agir surveillera le moment propice, le lieu possible pour mener son attaque qui ne va durer que quelques minutes !!! C’est toute l’illusion de l’état d’urgence censé "protéger" de tout attentat.

Nicolas Dupont-Aignan : l’état d’urgence ne "suffit plus". Le président de Debout la France (DLF) exige "l’expulsion systématique des étrangers condamnés par la justice au terme de leur peine". Dans les auteurs de ces actes de barbarie, tous n’ont pas été délinquants !!! Ce racisme de considérer que l’autre, peut-être étranger, est dangereux ne peut qu’engendrer, entretenir une peur permanente pouvant devenir la source de violences terribles.

Jacque Myard, lui, ne prône l’expulsion que des seuls "binationaux en voie de radicalisation", mais il a une autre solution pour prévenir les attentats : "appliquer partout sur le territoire national l’interdiction du voile". Faut-il lui rappeler qu’il y a des français de "pure souche" qui se sont "radicalisé" et sont passés à l’acte. Interdire le voile ? dans ma jeunesse, de nombreuses femmes (ou jeunes filles) portaient un voile, en particulier au moment de fêtes. Dans les hôpitaux des "sœurs" intervenaient pour les soins avec la tenue, la coiffe… Et aujourd’hui il ne faudrait interdire que le voile, critère de religion musulmane ? Alors pourquoi pas le port ostensible d’une croix, d’une kippa, d’une barbe…. Et quelle barbe, cette mode qui se développe depuis quelque temps deviendrait suspecte ? Celle qui ressemblerait à celle des moines, du prophète musulman, du sans abri ???

Côté Front national, l’eurodéputée et conseillère municipale de Nice Marie-Christine Arnautu demande à la France de prendre des mesures "indispensables", comme la "peine de mort" et la "fin de l’immigration". Pour ceux qui ont décidé de tels actes, prêts à mourir en martyrs, ce n’est évidemment pas la peine de mort qui va les dissuader de passer à l’acte !!!

Son collègue eurodéputé FN, Bernard Monot, "stratégiste économique du FN", a demandé des "actes contre les fellouzes" (1), en "luttant contre l’invasion de migrants". On voit le lien entre le colonialisme de Jean-Marie Le Pen qui démissionnât de son mandat de député poujadiste pour reprendre son uniforme de lieutenant de parachutistes pour "casser du fellouze" selon son expression d’alors. Ce front national qu’on voit sans cesse flirter avec les anciens de l’OAS dans cette nostalgie de l’Algérie Française, chantre du colonialisme où le racisme était l’institution y réglant les rapports sociaux.

Alain Marsaud député (LR) des Français de l’étranger : "Il y a une ville en France… Trappes… dans les Yvelines, où la République a disparu. La ville est gouvernée par des islamistes, par des djihadistes, par des frères musulmans, par des salafistes. Ils ont pris le pouvoir sur tout, ils gèrent tout : les écoles, la santé, les centres sociaux… ", J’habite Trappes depuis 49 ans. Cette discrimination géographique est intolérable. Pour faire passer la loi sur le voile en 2005, un film avait été commandé et réalisé, diffusé quelques jours avant le débat de cette loi : "Trappes à l’heure de la prière" : une caricature grotesque de pratiques religieuses devant justifier cette mesure législative !!! Récemment, les médias ont évoqué Trappes comme étant le Molenbeck des Yvelines !!! Aujourd’hui, "une ville gouvernée par des djihadistes ??? Allons, que ce député vienne vivre à Trappes quelques semaines pour se rendre compte de la réalité. Mais le mal entretenu par des campagnes médiatiques de cette nature est terrible. Cette discrimination géographique liée à une islamophobie fait que de nombreux jeunes se sentent exclus de la République Française, tants ils sont considérés comme des sous citoyens-Français. Discrimination qui pèse très lourd pour la recherche d’un emploi par exemple.

François Hollande vient de déclarer : "Les catholiques de France et du monde sont meurtris. Attaquer une église, tuer un prêtre, c’est profaner la République, c’est semer l’effroi. Car les terroristes veulent nous séparer, nous opposer, nous diviser". Ce terme de "profaner" n’a pas été lancé au hasard, mais bien pesé en terme de communication. Comment oser considérer la République à une institution religieuse ?

Manuel Valls a eu des propos dangereux lors du dernier débat parlementaire pour demander le vote de l’état d’urgence. Maintenant en tant que chef du gouvernement "il veut un autre islam de France". Que n’aurait-on entendu s’il avait demandé un autre catholicisme, ou un autre judaïsme pour la France ? Ce n’est pas à l’état (d’autant plus en France qui depuis 1905 peut être fière des mesures prises pour garantir la laïcité de tous, la garantie de la liberté d’expression) de décider des dogmes religieux : aux fidèles d’en débattre et de s’organiser pour vivre leur foi.

Nicolas Sakozy n’est évidemment pas en reste. Il est tellement évident qu’il soit dans la cour à hurler avec les loups pour semer la haine que la liste de ses prises de positions extrémistes restent son fond de commerce de course à l’échalote avec l’extrême droite.!!!

Janvier 2015, novembre 2015, et l’accélération de ce mois de juillet 2016, cette série d’attentats ne peuvent que rappeler ceux commis lors de la Guerre de Libération de l’Algérie. L’horreur, l’odieux rivalisaient comme aujourd’hui. Il faut se souvenir de l’attentat de l’OAS qui, visant le Ministre André Malraux, défigura la petite Delphine Renard. La photo de cette gamine de 4 ans publiée alors dans toute la presse le lendemain déclencha une très forte réaction : ce fut la manifestation du 8 février 1962. La répression policière (ce crime d’état n’a toujours pas été reconnu ni donc condamné) avait fait 9 morts et provoqué une gigantesque réaction avec des centaines de milliers de personnes participant au cortège funèbre lors de leurs obsèques.

Ce n’est pas l’état d’urgence institué dans cette triste période qui stoppa les attentats mais la solution politique, enfin prise quelques semaine plus tard, du cessez le feu qui imposa enfin la paix et progressivement les causes de ces actes.

La prolongation de 6 mois de l’état d’urgence ne règlera pas cette crise, comme je l’expliquais dans mon éditorial paru sur mon site le 27 décembre 2015. Dans cet éditorial j’exprimais aussi un autre aspect qui ne commence qu’aujourd’hui a être un peu évoqué : comment se fait-il, pourquoi tant de Français sont-ils prêts à commettre de tels actes ? Tant que cette analyse n’est pas faite, les causes pour "tarir" ce recrutement vont continuer d’alimenter d’autres vocations. Une responsabilité complémentaire des médias, des responsables politiques se manifeste : la publicité faites autour de ces "héros", fait qu’ils deviennent des sortes de martyrs.


Quand on voit cette photo où François Fillon et Bernard Cazeneuve, comme deux compères en fête, rient pendant la cérémonie d’obsèques du prêtre assassiné c’est plus que choquant, ignoble, indigne de tels responsables politiques.

D’autres attentats auront certainement encore lieu en France dans un délai imprévisible, et tant que les causes provoquant ces actes odieux, il est à craindre que la peur engendrée par cette insécurité se poursuive encore longtemps. Il y a quelques jours une "frappe" française de représailles contre l’EI provoquait 164 victimes civiles (selon de très rares informations diffusées dans quelques médias, presque discrètement) . De telles actions ne peuvent que poursuivre ce climat favorisant des recrutements vengeurs.

(1) une référence aux fellaghas de la guerre d’Algérie

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