Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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François Hollande et l’Affaire Maurice Audin (juin 2014)

Sous sa nouvelle forme, le Prix de Mathématiques Maurice Audin a été créé en 2004, sous le patronage de la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI) et de la Société Mathématique de France (SMF). Ce prix s’inscrit comme prolongement d’un prix analogue créé en 1958, portant le même intitulé, et décerné de 1958 à 1963. Il désigne deux lauréats : un mathématiciens Algérien exerçant ses activités en Algérie et un mathématiciens Français (ou à défaut non Algérien), exerçant en France. Il est attribué tous les 2 ans.

Article mis en ligne le 22 juin 2014
dernière modification le 23 juin 2014

par Henri POUILLOT
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A l’occasion du Prix Maurice Audin de Mathématiques de 2014, l’Association Maurice Audin est intervenue une nouvelle fois auprès de François Hollande pour réclamer "Vérité et Justice" sur cette question. Le 17 Juin 2014, François Hollande recevait enfin Josette Audin, et le 18 juin (jour de remise du prix) l’Élysée diffusait un communiqué.

Lettre de l’Association "Maurice Audin" envoyée le 23 mai 2014 à François Hollande, Président de la République .
Objet : Affaire Audin, suite de la mort du Général Aussaresses
Monsieur le Président de la République.

Depuis votre visite en Algérie et la remise à Madame Audin du dossier concernant Maurice Audin, dossier conservé aux archives du Ministère de la Défense, un élément nouveau est venu compléter des informations trouvées dans les archives du Colonel Godard, le Général Aussaresses, dans des confessions livrées au journaliste J-C. Deniau, affirme aussi que Maurice Audin a bie été assassiné sur ordre, par des militaires français, vers le 21 juin 1957. il ne semble plus faire de doute que la thèse de l’"évasion" est un mensonge qui voudrait dissimuler la responsabilité de militaires assurés de l’impunité par leur hiérarchie et dont les actes ont été couverts, voire encouragés par les pouvoirs civils.
Au nom de l’Association Maurice Audin et en accord avec Madame Audin, je renouvelle une demande formulée depuis près de 57 ans. Nous vous demandons, au nom de la République Française, de reconnaître la mort de Maurice Audin à la suite de tortures. De plus, comme il a été demandé à plusieurs reprises, nous demandons aussi que les plus hautes autorités de l’État condamnent la torture.
Au cours de son histoire, la France est revenue sur des évènements tragiques qui mis en cause l’autorité de l’État et la responsabilité de ses plus hauts dirigeants : ’affaire Dreyfus, les fusillés pour l’exemple au cours de la Guerre 1914-18, la déportation des citoyens français d’origine juive pendant la Guerre 1939-45, les "évènements" d’Algérie reconnus comme étant des faits de Guerre. Dans un autre ordre d’idées, les républiques sud-américaines ont reconnu des crimes commis pendant les dictatures récentes. En Argentine, des responsables de la mort de deux religieuses française pendant la dernière dictature ont été arrêtés, jugés et condamnés malgré les lois d’amenestie. Par ailleurs, si vous pouvez reprocher au Premier Ministre turc sa timidité dans la condamnation du génocide arménien, vou devez, au nom de la République Française, condamner les pratiques inadmissibles comme les tortures, les assassinats, la barbarie des guerres coloniales.
Concernant Maurice Audin, et pour en terminer avec cette "affaire", à l’occasion du 57ème anniversaire de sa mort, au mois de juin, nous attendons de vous une déclaration qui pourrait être une réponse à la dernière lettre de Josette Audin. Cette déclaration pourrait faire l’objet d’une communication à l’occasion de la cérémonie officielle de remise du Prix Audin de mathématiques 2014, à l’institut Henri Poincaré, le 18 juin, cette cérémonie sera présidée par Cédric Villani, directeur de l’Institut.
Je suis parfaitement conscient des difficultés que vous rencontrez dans cette période de votre quinquennat, mais le retour en force des idées réactionnaires des partisans de l’Algérie Française et de leurs successeurs exige une riposte qui ne doit plus attendre.
En espérant que vous donnerez une suite favorable à notre demande et dans le prolongement des engagements que vous aviez pris lorsque vous étiez candidat à la Présidence de la République, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à ma très haute considération.
Gérard Tronel
PS : Je vous joins une invitation à la cérémonie du Pris de Mathématiques. Nous serions très honorés de votre présence.

17 Juin 2014 : Josette Audin est reçue à l’Élysée par François Hollande.

Communiqué de l’Élysée du 18 Juin 2014
Aujourd’hui est remis le Prix AUDIN de mathématiques, en mémoire de Maurice AUDIN, jeune professeur et militant de l’Algérie indépendante.
Depuis mon entrée en fonction, j’ai fait de l’exigence de vérité la règle à chaque fois qu’il est question du passé de la France.
C’est cette exigence qui m’a guidé quand, à l’occasion de mon voyage à Alger en décembre 2012, j’ai rappelé notre devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture.
C’est cette exigence qui m’a conduit à ordonner que soient engagées des recherches sans précédent dans les archives du ministère de la Défense, afin de découvrir si des documents officiels permettaient d’éclairer de façon définitive les conditions de la disparition de M. AUDIN en juin 1957.
Ces recherches n’ont pas permis de lever les incertitudes qui continuent d’entourer les circonstances précises de la mort de M. AUDIN, que la Justice n’a plus les moyens d’éclairer. C’est aux historiens qu’il appartient désormais de les préciser.
Mais les documents et les témoignages dont nous disposons aujourd’hui sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. M. AUDIN ne s’est pas évadé. Il est mort durant sa détention.
C’est ce que j’ai voulu signifier en me rendant le 20 décembre 2012 place Maurice AUDIN à Alger, devant la stèle qui honore sa mémoire.
C’est ce que j’ai dit à Mme AUDIN en la recevant le 17 juin 2014, 57 ans après la disparition de son mari à l’égard duquel un devoir de mémoire et de vérité nous oblige.

C’est, pour le moins, un communiqué décevant !!! En effet, oser dire "Il est mort durant sa détention" est incongru. Ne pas reconnaître l’assassinat, la torture dont il fut victime est indécent !!!

P.S. :

Certes, officiellement, désormais, la thèse de l’évasion est enfin remise en cause. Il est admis que Maurice Audin soit mort "durant sa détention".
Mais, pas plus que le décembre 2012 à Alger, lors de son voyage en Algérie et son recueillement devant la stèle de Maurice Audin, il n’y a la moindre ébauche de la reconnaissance de la responsabilité et la condamnation de la France dans la pratique de la torture pendant cette Guerre.
Le Président de la République est également, de par la constitution, chef des armées.
A ce titre, il peut donc imposer à la "Grande Muette" de parler. Il est très probable que l’Armée a expurgé depuis longtemps l’essentiel des éléments d’archives de cette "affaire" où elle est totalement impliquée. Ce n’est donc pas dans les archives militaires, mais dans celles des ministères, qu’il est encore possible de trouver des traces de documents, sans compter dans les feuillets d’Aussaresses : on sait que ce commandant, à l’époque rédigeait en 3 exemplaires un journal de bord quotidien très détaillé l’un qu’il conservait, un remis à Massu, l’autre au représentant du politique à Alger. Mais l’Armée peut exiger que les militaires opérationnels à cette époque, à Alger, parlent. Certes certains ont disparu, mais pas tous. L’un d’eux, le Général Maurice Schmitt, alors capitaine, officier de renseignements, à ce titre, rencontrait CHAQUE jour, tous les autres officiers de renseignements d’Alger. Il sait donc, dans les détails, comment est "disparu" Maurice Audin, comment il a été assassiné, où son corps a été jeté. Cet officier fut, il y a quelques années le premier militaire de France. et il n’a jamais été avare de commentaires sur la "Bataille d’Alger". Il serait temps qu’il s’exprime.
Il est plus que temps, à quelques mois du 60ème anniversaire du déclenchement de la Guerre d’Algérie que la France, officiellement, face son examen de cosncience, qu’elle reconnaisse et condamne ses responsabilités dans les crimes d’état, crimes contre l’humanité commis en son nom (tortures, viols, "crevettes Bigeard", "corvées de bois", camps d’internement pudiquement appelés camps de regroupement, villages rasés au napalm, utilisation du gaz Sarin et Vx,...) avant de continuer à donner au monde entier des leçons de droits de l’homme.

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