Henri POUILLOT
Guerre d’Algérie, Colonialisme...
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François Holande en Algérie 19-20 Décembre 2012
Lettre ouverte du 10décembre 2012

A quelques jours du voyage en Algérie, de sérieuses inquiétudes existent quant aux perspectives de mettre en place une coopération qui ne sente pas le pétrole (ou le gaz), la loi de l’argent, et une aventure militaire

Article mis en ligne le 10 décembre 2012
dernière modification le 29 décembre 2012

par Henri POUILLOT
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Les signes de complaisance aux nostalgiques de l’Algérie Française, voir de l’OAS semblent primer face à la reconnaissance des victimes algériennes.

Ce voyage tant attendu aura-t-il un goût amer ?

Monsieur François Hollande, Président de la République

Objet : Lettre ouverte

Monsieur le Président,

Quelques semaines après votre élection, (le 26 Mai 2012) je vous adressais une lettre ouverte d’ailleurs restée sans réponse ; c’était dans la perspective du 5 juillet 2012 où l’Algérie allait fêter le 50ème anniversaire de son indépendance. Devant ce silence et les sollicitations reçues depuis, je me sens obligé de vous interpeller de nouveau à quelques jours de votre voyage à Alger. Les amis de l’Algérie estiment qu’à l’occasion de ce déplacement la France se devrait de reconnaitre sa responsabilité et condamner les crimes d’État et crimes contre l’Humanité commis en son nom pendant sa domination coloniale et tout particulièrement pendant la guerre d’Algérie.

Or, certes, au nom de la France, vous avez eu une expression importante au sujet du 17 octobre 1961. Mais une telle déclaration aurait méritée d’être exprimée de façon symbolique, d’être accompagnée d’un geste symbolique, en un lieu symbolique, et pas seulement une déclaration dans un communiqué transmis à l’AFP. Elle a même été prise comme un mépris par la délégation des associations représentant le collectif du 17 octobre (dont je faisais partie) que vous avez refusé de recevoir ce 17 octobre 2012, alors qu’elle est restée en vain plus d’une heure sur le trottoir devant l’Elysée. Celle-ci n’a appris, que par internet, quelques minutes après son départ, sans avoir même été destinataire de la copie, de ce message annonçant votre prise de position. Il est dommage que la notion de crime d’Etat n’ai pas été retenue, que ne soit pas nommée la responsabilité de ce massacre…
Mais depuis des gestes forts sont venus contredire cette avancée :
-  L’inauguration de la stèle du Général Bigeard à Fréjus, une collusion entre un ministre de gauche et la droite la plus colonialiste de France, est de plus une véritable insulte aux milliers de victimes algériennes, ces crevettes Bigeard. Cette technique dont la France devrait avoir honte de l’avoir exportée en particulier en Argentine.
-  La cérémonie du 5 décembre dernier au Quai Branly de Paris, ainsi que le courrier de votre chef de cabinet à la MAFA (*) considérant que la loi officialisant la date du 19 mars pour commémorer la fin de la Guerre d’Algérie n’allait pas abroger la date du 5 décembre, ressemblent à un camouflet au vote de la loi reconnaissant enfin officiellement le 19 mars comme date de commémoration de la fin de la Guerre d’Algérie, un déni du respect des décisions démocratiques. Le discours du Ministre Kader ARIF prononcé à cette occasion est fort contestable.
-  La réponse du 2 octobre 2012 que votre conseiller m’a envoyée, justifiant la présence d’une stèle glorifiant un ancien responsable OAS, putschiste, déserteur, condamné à mort par contumace pour son activité terroriste dans une caserne formant de jeunes recrues est pour le moins inattendue…
Ces inquiétudes sont confirmées par Laurent Fabius, qui a commenté dimanche matin 21 octobre 2012 dans le Grand Rendez-vous sur Europe 1, votre visite en Algérie. "Les Algériens ne souhaitent absolument pas qu’on fasse un voyage tourné vers le passé", a-t-il souligné, rappelant néanmoins que "nos amis algériens ne souhaitent pas un traité d’amitié franco-algérien, mais un partenariat stratégique", centré sur les domaines économique, éducatif, énergétique et "pourquoi pas militaire".
Cette année 2012, cinquantième anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, pour mettre en place une "relation apaisée" entre la France et l’Algérie, ce n’est pas ce type de partenariat stratégique qui est attendu par les Algériens et les Français ; et le geste symbolique nécessaire pour établir un avenir d’espoir n’est pas seulement la remise des clefs de la Ville d’Alger volées par les troupes coloniales en 1830, mais une réelle reconnaissance et condamnation de la responsabilité de la France face à l’Algérie pour la période de 1830 à 1962 et spécialement de 1954 à 1962. Il est aussi indispensable que les visas soient supprimés entre l’Algérie et la France compte tenu du nombre de familles réparties sur les 2 rives de la Méditerranée afin de leur permettre des échanges naturels.
Monsieur le Président, votre visite en Algérie suscite de nombreux espoirs, ne décevez pas cette attente.
Veuillez agréer, Monsieur le Président mes sincères et respectueuses salutations.

Henri POUILLOT

(*) Lettre du Chef du Cabinet de la Présidence de la République à la Mafa
Le Chef de Cabinet
du Président de la République

à Monsieur Jean-Félix VALLAT

Président de l’Association des Rapatriés Mineurs et Pupilles de la Nation (ARMR)

Président de la Maison des Agriculteurs et des Français d’Algérie

Paris 29 Novembre 2012

Monsieur le Président

Le Chef de l’Etat a pris connaissance avec attention de la correspondance que vous avez souhaité lui faire parvenir, s’agissant de la mémoire de la Guerre d’Algérie

Vous le savez, à l’initiative du Parlement, une loi relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc a été adoptée le 8 novembre dernier.

Le Président de la République m’a confié le soin de vous assurer que cette proposition de loi, pour laquelle le Gouvernement s’en est remis à la sagesse du Parlement ne revêt aucun caractère polémique, n’a pas pour effet d’abroger le date du 5 décembre , et ne saurait en aucun cas occulter le souvenir des drames survenus au lendemain du cessez-le-feu proclamé le 19 mars 1962.

Par ailleurs, comme vous le savez, le 25 septembre 2012, le Président de la République a officiellement reconnu la faute et la responsabilité de la France dans l’abandon des rapatriés et des harkis ainsi que le traitement indigne de ceux qui ont été accueillis sur le sol Français. Il a également réaffirmé sa volonté d’ouvrir les archives.

Le ministre délégué aux anciens combattants a, quant à lui, annoncé la création d’un site internet dédié à la mémoire et à l’histoire des Harkis. Il a aussi été chargé de préparer la réforme de la Mission interministérielle aux rapatriés afin que les familles puissent bénéficier d’une instance administrative encore mieux à même de répondre à leurs difficultés et à leurs attentes spécifiques.

Soyez assuré que le Gouvernement est pleinement mobilisé afin d’accorder à l’histoire et à la mémoire de la Guerre d’Algérie sa juste place au sein de notre société et de notre nation.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Pierre BESNARD

Références à rappeler : PDR/SCP/E&A/A018399

Ci-jointe, la copie de la lettre à la MAFA

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P.S. :

- J’ai rappelé ma lettre ouverte du 26 mai dernier (voir)
- Cette lettre ouverte est aussi publiée sur mon blog de Médiapart et elle est transmise sur les réseaux des associations parmi lesquelles je milite

- Je publierai, bien évidemment, la réponse que je recevrai dans les mêmes conditions.

Cette lettre au Président de la MAFA est sidérante : elle remet en cause, de fait, sur le principe, la décision du parlement.

Une lettre aussi sidérante, parce que reprenant la même remise en cause du 19 mars par le maintien du 5 décembre a été envoyée à la FNACA

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