Henri POUILLOT
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Lettre ouverte au Président de la République
Des mesures contre le terrorisme ? une duplicité

A la suite des drames de Toulouse et Montauban, le Président de la République annonce des mesures en contradiction avec ses pratiques

Article mis en ligne le 25 mars 2012
dernière modification le 26 mars 2012

par Henri POUILLOT
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Lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président de la République,

Sauf le respect que je dois à la fonction que vous assumez, en fonction de l’élection qui vous a permis d’exercer ce mandat, je suis obligé de vous accuser de duplicité.

Le 22 mars dernier vous vous êtes adressé à tous les Français, dans une allocution solennelle et en particulier, vous avez déclaré : "Désormais toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence, sera punie pénalement." Puis : "La propagation et l’apologie d’idéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le Code pénal avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte anti-terroriste."

Or, vous avez récemment "honoré", en fonction de votre pouvoir de Président de la République (ainsi que des ministres de votre Gouvernement), plusieurs terroristes, qui distillent sans cesse des messages de haine sur des sites internet. Je rappelle les faits concrets :

Jean-François Collin a été promu chevalier de la Légion d’Honneur par vos soins à titre militaire en mai dernier. Il était sous-lieutenant pendant la Guerre d’Algérie. Il est présenté, dans le livre très documenté "Histoire secrète de l’OAS" de Georges Fleury (disant : "Moi aussi, j’ai été ’Algérie Française’)" page 566 : Ce jeune sous lieutenant du groupement des commandos parachutistes a participé sous les ordres du Capitaine Murat à la prise du Palais d’été d’Alger au soir du 22 avril 1961. Sous le nom de code "Valentin" il a repéré que Yves Le Tac (C’était le frère du ministre de De Gaulle, Joël Le TAC. Il était aussi Compagnon de la libération. Il était hospitalisé au Val de Grâce parce qu’il avait été blessé lors d’un attentat OAS à Alger en voulant prendre sa 2CV qui avait explosé) était hospitalisé au Val de Grâce à Paris. Il participera à une première tentative d’assassinat, reportée au tout dernier moment, et ce n’est que par miracle que ce gaulliste échappera à l’attentat du 18 février 1962 perpétré par le commando dirigé par le lieutenant Godot, et préparé avec l’aide de JF Collin (Au cours de la seconde tentative, un gendarme a été tué par ce commando OAS ).

JF Collin a été emprisonné à l’Ile de Ré pour ses activités dans l’OAS. Il a fait partie du "Maquis de l’Ouarsenis", cette organisation militaire de l’OAS qui rêvait de pouvoir ré-éditer le putsch manqué d’avril 1961. Accessoirement, il a été également élu conseiller municipal du Front National à Hyères (83).

Il est président de l’ADIMAD-OAS, association revendiquant environ 1200 adhérents dont 750 ont été condamnés pour leur activité au sein de l’OAS.

La cérémonie de remise de cette décoration est une démonstration complémentaire de cette imposture. Elle s’est déroule devant la stèle érigée dans le cimetière de Marignane(13), stèle honorant l’OAS et ses "héros" c’est-à-dire les 4 condamnés à mort et exécutés pour leurs crimes commis au nom de cette organisation séditieuse, criminelle. Le journal la Provence, dans son édition du 2 novembre 2012 écrivait "Cette distinction honorifique, qu’il "ne portera jamais, tant qu’un gaulliste ou un ami du FLN sera à l’Élysée", il l’a reçue officiellement, hier, des mains d’un condamné à mort par contumace, Jean Bireau, dit "capitaine Jean", figure de l’OAS pendant la guerre d’Algérie et exilé, un temps, en Amérique Latine pour échapper à la justice française. Dans un lieu symbolique pour l’occasion : le cimetière Laurent-Imbert où a été réinstallée la stèle en hommage aux fusillés de l’organisation de l’armée secrète (OAS)."

Pas de Marseillaise, mais la sonnerie aux morts, et le chant des Africains repris en chœur par toute l’assemblée, après la succession de dépôts de gerbes. La Légion d’honneur ? " Une croix dédiée à tous les combattants de l’OAS fusillés par le plus grand traître de l’Histoire de France ", a déclaré le récipiendaire. Celui-ci poursuivait en précisant que, pour lui, la distinction qu’il recevait ainsi avec cette insigne c’était une distinction de celui qui l’avait instituée et " non du paltoquet qui vibrionne à l’Elysée et qu’il aurait honte de devoir remercier ".

Hélie Denoix de Saint Marc fut certes un résistant, interné au Camp de Buchenwald, mais surtout le Commandant du 1er REP, ce Régiment Etranger de Parachutistes de la Légion Etrangère qui s’est tout spécialement distingué pendant la Guerre d’Algérie, à Alger pendant le "Bataille d’Alger" puis à l’occasion du putsch d’Avril 1961. Il sera l’un des principaux officiers qui tenteront de renverser la République Française par ce putsch dirigé par le quarteron de Généraux. Il sera condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Il passera cinq ans dans la prison de Tulle avant d’être gracié, le 25 décembre 1966. Est-ce pour ce passé "glorieux" que, selon le journal "Le Figaro", ce militaire doit être promu au grade suprême de grand Croix de la Légion d’Honneur ? Vous l’avez décoré dans la cour des Invalides !!!

A Houilles (78) le 14 novembre 2011, Monsieur Marc Laffineur, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants a justifié cette promotion : tout homme qui a un passé prestigieux peut commettre une erreur. Comme si la responsabilité d’organisation d’un putsch contre la République Française n’était qu’une petite bêtise de gamin !!! Quelle honte pour nos valeurs républicaines.

Deux décorations, décernées en quelques mois, à des activistes chevronnés ayant tenté de renverser la République, cela relève bien d’une politique délibérée d’honorer ceux qui rêvent toujours de l’Algérie Française, celle où le racisme était l’institution de base nécessaire pour maintenir le colonialisme. Et ces faits viennent, hélas après une succession de gages de cette nature tout aussi scandaleux :

  • - le 22 octobre 2010 à Pau dans la caserne de formation des jeunes parachutistes, c’était la pose d’une stèle en "honneur" au Colonel Château-Jobert, officier ayant une part très active dans le putsch d’avril 1961, déserteur, responsable dans le maquis OAS de l’Ouarsenis, condamné à mort par contumace pour ces crimes commis comme responsable de l’OAS.
  • - le 26 mars 2010 c’était l’attribution, de fait, de la qualité de "Morts pour la France" aux victimes de la manifestation du 26 mars 1962 à Alger, manifestants morts pour l’OAS, contre la France, par l’adjonction de leur nom sur le Mémorial du Quai Branly à Paris.

La duplicité est d’autant plus grande qu’il est nécessaire de se souvenir qu’en novembre 2007, on apprenait, quelques mois après les faits, que dans la caserne de Montauban, des militaires français avaient pu en toute impunité faire le salut nazi, en arborant un drapeau marqué de la croix gammée. Alors, à cette occasion, la seule sanction retenue fut celle infligée au sergent qui avait dénoncé ces faits : on lui avait refusé le renouvellement de son contrat. Pire (?) encore, on l’avait accusé de "discréditer l’ensemble du personnel en portant des accusations de ségrégations à caractère raciste totalement infondées". Les photos parues alors démontraient pourtant avec évidence le contraire. Les auteurs de ce crime avaient pu poursuivre leur carrière militaire tranquillement.

Ces exemples de soutien à des terroristes, à des apologistes du racisme le plus ignoble, ces "honneurs" de la France à de tels personnages qui déshonorent notre pays se sont déroulés sous votre responsabilité.

De nombreux maires de votre parti politique (Béziers, Perpignan, Marignane,…) ont permis la construction de stèles à la gloire des anciens assassins terroristes de l’OAS (Bastien-Thiry, Degueldre, Piegts, Dovecar) condamnés à mort et exécutés pour leurs crimes. Certains maires de cette même famille politique laissent rendre des "hommages" quand ils ne les favorisent pas sur leurs tombes à ces mêmes individus.

L’OAS a la responsabilité de l’assassinat de nombreux militaires, fonctionnaires, civils,… qui défendaient seulement la République française. Sur la base de la même argumentation que vous avez défendue lors de votre déclaration du 22 mars 2012 : quelle sanction devrait être infligée pour de tels actes à un Président de la République coupable de tels délits ainsi qu’à ces maires qui ont commis de tels complicités de crimes ???

Quand je constate de tels manquements à nos valeurs républicaines, j’ai honte d’être français, représenté de cette façon par un tel Président de la République qui donne une telle image de la France. Quelle duplicité !!!

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, celui qui respecte les valeurs et principes fondamentaux de notre France (pas à celui qui les transgresse et qui nous fait honte), mes sincères salutations,.

P.S. :

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